Les timbres augmentent, le service diminue : bienvenue dans la France des sacrifices sans contrepartie

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Encore une hausse. Encore une ponction. Encore une promesse floue. Le prix des timbres grimpera de 7,4 % en moyenne dès janvier 2026, annonce tranquillement La Poste. Une lettre verte coûtera désormais 1,52 euro. Une recommandée ? 6,11 euros. Une lettre internationale ? 2,25 euros. En clair : envoyer un mot doux coûtera bientôt aussi cher qu’un repas en restauration rapide.

On nous parle de « pérennité du service universel ». Mais de quel service parle-t-on encore ? Du service où les bureaux ferment en rase campagne, où le facteur ne passe plus tous les jours, où les colis se perdent et où les lettres mettent deux semaines à traverser trois départements ? Un service dégradé, mais facturé au prix fort.


Pendant ce temps, La Poste se gave : 34,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024. Mais elle pleurniche : la faute à la baisse du courrier, dit-on. Sans jamais remettre en question sa gestion, ses choix absurdes ou sa course effrénée à la transformation numérique déshumanisée.

Et puis, surtout, qui va encore à La Poste ? Les personnes âgées, les oubliés du numérique, ceux qui tiennent à envoyer une vraie lettre, un vrai chèque, une vraie carte postale. Les petites gens, les familles, ceux qui ne commandent pas sur Amazon mais veulent juste faire les choses bien. Ce sont eux qui paient, année après année, pour un service qu’on leur rogne.

Mais tout va bien, nous dit-on : « cela ne pèsera pas sur le budget des ménages ». Une phrase qu’on a déjà entendue mille fois, de l’électricité au gaz, du pain au carburant. On augmente, mais promis, ce sera indolore. Jusqu’à ce que la peau brûle.

Cette hausse n’est pas anodine. Elle participe d’un mouvement plus large : le démantèlement progressif des services publics traditionnels, remplacés par des interfaces numériques impersonnelles, des bots, des QR codes, des bornes automatiques… et toujours plus de coûts cachés.

Et pendant ce temps-là, qui défend les usagers ? Qui pose la question de l’équité territoriale ? Qui ose dire qu’à ce rythme, bientôt seuls les plus jeunes, les plus connectés, les plus solvables auront accès à des services corrects ?

À l’heure où le pays s’endette pour financer des lubies idéologiques, où les priorités budgétaires sont aussi floues que les bilans de certains ministères, faire payer le timbre à 1,52 euro ressemble à une farce de mauvais goût. On dirait du Molière, sauf que personne ne rit.

La vérité, c’est que la France qui timbre, c’est la France qui subsiste, la France invisible, qu’on presse jusqu’à l’os. Et le message est clair : vous paierez toujours plus, pour toujours moins.

Bienvenue dans la République des guichets fermés.

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