La réalité de qui détient le véritable pouvoir en France fait débat depuis la Révolution française. Le débat n’est pas tranché, et il est au coeur du mouvement des Gilets Jaunes.

Officiellement, la France est une démocratie, mot grec dont il est utile de rappeler qu’il signifie simplement « pouvoir populaire ». Dans les faits, la France est une monarchie. Le président français a d’ailleurs beaucoup plus de pouvoirs que la quasi totalité des chefs d’Etat dans le monde, y compris le président américain. Cette monarchie n’est pas héréditaire, mais élective. Or, le malentendu sur la répartition des pouvoirs commence au moment de l’élection présidentielle. Elit-on quelqu’un auquel on donne supériorité sur le peuple ? Ou bien, à l’inverse, élit-on un super-employé, en charge d’appliquer la volonté populaire ?

Là se situe toute la différence d’appréciation entre les Gilets jaunes et la tradition de la Vème république. Pour les Gilets, le gouvernement et le Président sont des « employés », au service du peuple. Pour De Gaulle et Michel Debré, le Président est une personne sacrée qui incarne le peuple en entier et invente une politique selon son inspiration. (Le mot « inspiration » revient souvent dans les discours de De Gaulle).

Les mots sont importants : y a-t-il délégation de pouvoir ou emploi pour exécuter ? Ce débat qui prend des allures constitutionnelles ne trouve pas sa réponse dans la Constitution française. On y décrit ses pouvoirs et comment il peut les exercer, mais on n’y approche évidemment pas les aspects philosophiques : super chef ou contremaître ?

Au-delà de cette question, c’est tout le rapport entre le peuple et les instances du pouvoir qui sont en question, et les Gilets Jaunes d’un côté, et le Pouvoir de l’autre, ont bien compris que l’enjeu se situait précisément là.

La question est simple : en France, qui domine qui ?

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