Depuis plusieurs jours, la ville de Limoges est le théâtre d’affrontements d’une intensité inédite. Mortiers, cocktails Molotov, groupes masqués et armés : le quartier du Val de l’Aurence semble avoir basculé dans un chaos que les habitants eux-mêmes n’osent plus nier. Mais c’est une autre déflagration qui secoue la ville : celle des mots du maire, Émile Roger Lombertie.
À 74 ans, ce médecin psychiatre devenu maire sous l’étiquette Divers droite, n’a pas mâché ses mots. Il parle de « mexicanisation des quartiers », de « zones de non-droit », d’« enfants soldats » embrigadés, et affirme que « beaucoup sont musulmans salafistes intégristes ». Il ajoute que cette idéologie s’entrelace avec celle de « l’extrême gauche LFI ». Des propos qui, dans une République qui s’offusque plus volontiers de la description du mal que de sa prolifération, ont déclenché un tollé.
Quatre de ses adjoints ont pris leurs distances. La gauche locale s’est scandalisée. Le député LFI Damien Maudet saisit le procureur au nom de l’article 40, pour injure. Pendant ce temps, la ville panse les plaies de sa quatrième flambée de violence estivale. Et les policiers, eux, comptent les blessés.
Ce que dit Lombertie, beaucoup le murmurent dans les commissariats, les préfectures, les salles de classe, les cabinets médicaux. Le salafisme gagne du terrain. Des quartiers entiers ne répondent plus à la loi de la République, mais à celle du clan, de l’imam ou du caïd. Les alliances idéologiques entre islam politique et ultra-gauche existent, qu’on le veuille ou non. Ce n’est pas un fantasme, c’est un fait sociologique, documenté, vécu au quotidien par ceux qui n’ont pas les moyens de fuir ces enclaves.
Qu’a-t-on à lui opposer ? Des incantations. Des appels à la « non-stigmatisation ». Des rappels à l’universalisme républicain, pendant que les cocktails Molotov pleuvent. La réalité, elle, ne se plie pas à la communication.
Émile Roger Lombertie n’a pas jeté d’huile sur le feu. Il a levé le voile sur une situation que les autorités préfèrent nier plutôt que combattre. La réaction en dit plus long sur l’état de notre démocratie que ses propos. Car dans une France où l’on peut menacer des policiers, incendier des écoles et des bibliothèques, ce sont les mots qui finissent devant les tribunaux — pas les coupables.
Il est peut-être temps d’écouter les maires qui tiennent encore debout, même seuls, au milieu des ruines.