Un policier de 27 ans, affecté à la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC), vient d’être mis en examen à Paris pour avoir vendu des informations confidentielles issues des fichiers de la police. Les charges sont lourdes : corruption passive, violation du secret professionnel, détournement de fichiers de données personnelles, transmission frauduleuse de contenus sensibles et association de malfaiteurs.
Ce scandale a éclaté à l’occasion d’une enquête sur des acheteurs d’armes, en mai dernier. Les policiers découvrent alors que des consultations de fichiers — ceux des antécédents judiciaires, des personnes recherchées ou encore des véhicules signalés — étaient proposées sur les réseaux sociaux. Tarif : 100 euros la recherche. De quoi alimenter efficacement les trafics, protéger les criminels, et saboter les enquêtes en cours.
Le parquet avait requis une détention provisoire afin d’éviter toute concertation avec de possibles commanditaires. Mais le juge des libertés a préféré un simple contrôle judiciaire. Une clémence qui interroge, quand on sait que la divulgation de ce type d’informations fragilise directement la sécurité des Français.
Selon les premiers éléments, le policier aurait reconnu les faits. L’affaire aurait commencé banalement : un inconnu l’aborde dans un bar et lui propose de l’argent contre des données sensibles. De fil en aiguille, les fichiers confidentiels de la République se sont retrouvés diffusés sur Snapchat, à la disposition de tous ceux qui vivent du crime.
Cette affaire met en lumière deux réalités inquiétantes. La première : l’infiltration des institutions par la corruption, même à un niveau supposément protégé comme celui des forces de l’ordre. La seconde : l’incapacité chronique de l’État à protéger ses propres outils face à des individus peu scrupuleux. Car si chaque recherche est censée être traçable grâce à un code personnel, encore faut-il que ces mécanismes de contrôle soient appliqués avec rigueur et suivis de sanctions exemplaires.
Une République qui n’est plus capable de faire respecter le secret de ses fichiers policiers, et qui choisit la clémence pour un agent ayant vendu des informations aux criminels, est une République qui abdique. Les Français, eux, restent exposés : leurs données personnelles, leurs vies mêmes, peuvent se retrouver marchandées sur les réseaux sociaux pour quelques billets.