Il y a des symboles qui dépassent la simple organisation d’un repas. Ces banquets du Canon français, déplacés mais maintenus, en font partie. Ce qui se jouait ici n’était pas un menu ni une soirée à thème, mais la question suivante : a-t-on encore le droit, en France, de partager une table, de lever son verre, de chanter un air ancien, sans qu’un comité d’agitateurs anonymes vienne dicter ce qui est acceptable ou non ?
La réponse est tombée. Et elle vient de Bretagne.
Le courage tranquille
Le Château des Pères avait renoncé, sous des pressions dont personne ne revendique clairement la paternité – comme toujours. Quelques messages, quelques menaces voilées, beaucoup de postures idéologiques, et l’on espérait que tout plierait. L’époque est saturée de ces injonctions morales qui s’exercent dans l’ombre, sans débat, sans contradicteur, sans courage.
Mais voilà : les organisateurs n’ont pas courbé l’échine. Et, peut-être plus remarquable encore, un autre château a dit : « Ici, vous êtes les bienvenus. »
Le Château de Blossac a pris position. Non pas pour une cause politique, mais pour un principe simple : on ne cède pas à une calomnie. On ne laisse pas des anonymes décider de ce qu’ont le droit de faire des milliers de Français paisibles.
Ce geste d’hospitalité est devenu un acte de résistance civique.
La solidarité à ciel ouvert
Les fondateurs du Canon français l’ont dit : les propositions ont afflué. Comme si, soudain, cette affaire avait réveillé quelque chose de très français. Une fidélité au bon sens. À la convivialité. À l’idée que l’on ne va pas s’excuser d’aimer son pays autour d’une table bien dressée.
Et puis il y a cette phrase : « On va même accueillir 400 personnes de plus ! »
Voilà peut-être le cœur de cette histoire. On a voulu effacer ces banquets ? Ils seront plus nombreux. On a voulu faire taire ? On multiplie les voix. On a voulu faire peur ? On a réveillé l’envie.
C’est parfois ainsi que renaissent les choses : par l’obstination joyeuse.
L’accusation brandie était vide. Une fois encore, on a cherché à coller l’étiquette « extrême » comme on tamponne un document administratif, sans nuance, sans réflexion, par réflexe. Mais à force d’utiliser l’insulte comme argument, elle finit par ne plus peser.
Le propriétaire du Château de Blossac l’a exprimé avec une calme lucidité : si personne ne peut apporter la preuve du moindre dérapage, alors il n’y a aucune raison de reculer. Et reculer, ce serait valider l’intimidation comme mode de gouvernement social.
C’est précisément cela que les Français ne supportent plus.
Ce que cela annonce
Ces trois soirées ne changeront pas le destin politique de la France. Mais elles disent quelque chose : une société qui ne veut plus se laisser surveiller moralement. Une convivialité que l’on refuse de renvoyer au musée. Une liberté que l’on cesse de négocier.
Il existe des victoires discrètes qui comptent davantage que des discours.
Dans ce château breton, début novembre, on trinquera au saucisson, au vin rouge, à la joie d’être ensemble et – n’ayons pas peur des mots – à la France.
Et cela, désormais, est un acte de caractère.