Sociologue à l’université Paris Est Créteil et spécialiste de la délinquance juvénile, Thomas Sauvadet explique à nos confrères de La Croix que, dans certains quartiers, des bandes peuvent se former dès l’école primaire. « On voit des enfants de 8 à 10 ans qui se battent quasiment tous les jours, à l’école ou dans la rue, mais sans arme ni blessures graves, explique-t-il. (…) Ensuite, à partir de 12 ou 13 ans, dans un environnement de faible contrôle parental, on peut voir des jeunes, dans un quartier, entrer dans une phase de socialisation de groupe en rejoignant des bandes dont la violence peut alors monter en intensité. »

« Il y a chez ces jeunes un phénomène de construction identitaire via l’appartenance à une bande. Faire partie d’un groupe, d’un quartier, d’une ville leur permet d’exister socialement », estime Lucille Rouet, toujours auprès de La Croix, en jugeant nécessaire d’agir très en amont contre ce phénomène.

Le procureur d’Evry, Caroline Nisand explique : « Lors de la rixe de Boussy-Saint-Antoine, il y a eu une sorte d’accord tacite entre les membres les plus anciens des deux bandes, âgés de 17 ans, pour rester en retrait et laisser les plus jeunes, les 13-15 ans, s’affronter comme s’il fallait que, comme un rite initiatique, les « petits » apprennent à se battre » (…) « Certes, il y a toujours eu des gens assez jeunes dans les bandes. Mais jusque-là, on constatait que l’usage d’armes blanches était réservé à des individus un peu aguerris. Ce qu’on a vu avec ces deux rixes, c’est que des gens très jeunes, sans antécédents particuliers, peuvent aller au combat en étant armés »

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