Il aura fallu une nuit blanche, des téléphones qui chauffent et des conciliabules au cordeau : au lendemain de la reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon, Les Républicains ont tranché. Du moins en apparence.
Réunis en bureau politique, les 91 membres ont voté à une large majorité (74 voix) le principe d’un soutien sans participation au gouvernement Lecornu II. En clair : voter les textes « utiles », mais refuser les maroquins. Une ligne de crête, censée préserver l’identité de LR tout en affichant une « responsabilité républicaine ». Une ligne que Bruno Retailleau revendique haut et fort.
Une droite écartelée
Mais derrière cette façade, les fissures se multiplient. La Droite républicaine, aile macron-compatible, pousse pour franchir le Rubicon et entrer au gouvernement. Retailleau, lui, campe sur le refus d’une dilution qui signerait la mort politique du parti. Les sénateurs et une majorité du bureau politique l’ont suivi. Mais dans les couloirs, on sait déjà que des débauchages sont en préparation. Lecornu n’attend que ça pour exhiber une “union nationale” factice.
La base appelée à trancher
Conscient que l’électorat LR n’en peut plus des ambiguïtés, Retailleau a décidé de consulter directement les militants par un vote électronique. Dans les prochains jours, chaque adhérent pourra dire s’il valide ce soutien sans participation. Une manière de reprendre la main et de couper court aux « initiatives personnelles » de députés trop pressés d’aller s’asseoir à la table d’Emmanuel Macron.
Un électorat qui n’a plus rien à voir avec la macronie
C’est sans doute le point le plus important : la base LR a tourné la page de la bienveillance vis-à-vis de Macron. Comme le confiait un cadre samedi : « Notre électorat n’en veut plus. Il veut une droite qui assume, pas une succursale de Renaissance. »
Et cette crise, loin de marquer un affaiblissement, pourrait bien jouer le rôle d’une purge salutaire. Les hésitants partiront, les opportunistes franchiront le Rubicon, et il restera une droite clarifiée.
En attendant les urnes
Car tout le monde en est convaincu : la véritable clarification se fera dans les urnes. Avec un RN largement en tête dans les sondages et une macronie en décomposition, LR n’a qu’une carte à jouer : retrouver son autonomie et parler aux électeurs de droite. Toute autre option serait suicidaire.