Voilà le visage de la France de 2024 : près de 2.000 agressions de médecins recensées en une seule année. Insultes, menaces, coups, vols : le quotidien de ceux qui devraient être respectés pour leur mission vitale ressemble de plus en plus à celui des forces de l’ordre. Et le plus inquiétant, c’est que la tendance ne fait que grimper : +95 % d’augmentations en trois ans.
Ce ne sont pas des chiffres isolés, c’est un phénomène structurel. La médecine de ville est devenue une zone à risques, avec 74 % des agressions commises dans les cabinets. C’est dire si l’exercice du métier se dégrade : là où autrefois le médecin de famille incarnait la confiance, il est aujourd’hui la cible.
Et que constate-t-on encore ? Les agresseurs sont dans près de six cas sur dix… les patients eux-mêmes. Ceux que les médecins soignent deviennent leurs bourreaux. Et cela pour des motifs qui en disent long sur l’état du pays : refus de prescription, falsification de documents, exigences déraisonnables. En clair : certains Français considèrent désormais que le médecin n’est plus un praticien mais un distributeur de médicaments ou d’arrêts de travail, qu’on insulte ou qu’on frappe s’il ne cède pas.
Les chiffres montrent aussi une autre réalité : ce sont les femmes médecins qui sont les plus touchées, alors qu’elles représentent à peine la moitié de la profession. Une violence lâche, révélatrice d’un climat général de mépris.
Les régions les plus concernées ? Hauts-de-France et Bouches-du-Rhône, deux territoires déjà marqués par la violence quotidienne. Les médecins y sont en première ligne comme les policiers ou les enseignants.
Mais le plus grave, c’est la réaction : à peine un tiers des médecins osent porter plainte. Pourquoi ? Parce qu’ils savent que la plainte sera classée sans suite. Parce qu’ils craignent les représailles. Parce qu’ils ont compris que l’État ne les protégera pas.
Ce que révèle ce rapport, c’est la faillite d’un système. La France abandonne ses médecins, comme elle abandonne ses policiers, ses pompiers, ses professeurs. Dans une société où l’autorité s’efface, où la violence est banalisée, les derniers repères s’effondrent.
Et demain, qui voudra encore exercer ce métier, dans de telles conditions ? L’agression des médecins n’est pas seulement une statistique : c’est un symptôme. Celui d’un pays malade de son laxisme, où soigner est devenu un danger.