Condamné il y a 25 ans pour abus de biens sociaux, Pierre Botton a été de nouveau incarcéré en 2020, pour une autre affaire. Il raconte cette nouvelle expérience en prison dans un livre baptisé « QB4 », du nom du quartier dit des « VIP » de la prison de la Santé. Nos confrères du Progrès l’ont interrogé. Nous avons retenu ces deux extraits :

Qu’est-ce qui a changé, quand vous êtes retourné en prison, 25 ans après ?

« Absolument tout. La population pénale est bien plus jeune, bien plus violente. Ce sont des gens qui vivent complètement en dehors de la société. Tout les marginalise : la drogue, l’argent, la corruption et la religion. J’ai été très surpris par l’impact de la religion sur cette jeunesse incarcérée. Tous leurs actes sont cautionnés par la religion. Il y a désormais des appels à la prière, et les détenus se rassemblent par communautés, avec une violence inouïe au moindre problème. J’ai été atterré par ce que j’ai vu, je pense que personne ne se rend vraiment compte de ce qu’il se passe. J’ai rencontré des jeunes pour qui la vie n’a aucun prix, ils savent qu’ils mourront tôt. Dès lors, ils s’autorisent tout. La justice, ça leur passe au-dessus de la tête. »

Vous êtes sévère avec l’administration pénitentiaire…

« Je ne comprends pas l’apathie de cette administration. Pourquoi est-ce qu’il n’y a pas de chiens détecteurs pour la drogue en prison ? Si on peut le faire dans les aéroports… Je pense qu’il y a une volonté de laisser faire. Et puis il faut le dire, les surveillants ont peur, ils sont dos au mur, leur administration ne les protège pas. J’ai assisté à des scènes incroyables. »

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