Samedi soir, c’était une fois de plus un parfum d’émeute dans l’air à Mantes-la-Jolie. Dans la cité du Val Fourré, théâtre habituel d’un ensauvagement toléré, des policiers ont été la cible d’une attaque coordonnée par une quarantaine d’individus. Le crime initial ? Un simple vol de moto. Le dénouement ? Une embuscade en règle, comme à chaque fois que la police tente de reprendre un semblant de contrôle dans ces zones où la République a déjà plié bagage depuis longtemps.
Tout commence à Neuilly-sur-Seine : trois jeunes voleurs embarquent une moto dans un fourgon. La victime, plus astucieuse que d’habitude, avait installé un traceur AirTag. Résultat : la police repère rapidement le véhicule qui file vers l’A13, direction les Yvelines. Les fuyards ne s’arrêtent pas et bifurquent tout droit vers le Val Fourré, devenu depuis des années le refuge de toutes les provocations anti-flics.
Et là, surprise… attendus comme des lapins au fond du bois. Une quarantaine de jeunes hommes, « prévenus en amont » selon les policiers, se tiennent prêts. Parpaings, pierres, barres de fer et projectiles en tous genres. Le fourgon des malfaiteurs percute un véhicule de la BAC. Les policiers, encerclés, sont contraints de faire usage de grenades lacrymogènes et de désencerclement pour se frayer un passage. Le fourgon, lui, est immobilisé. Les trois voyous sont arrêtés : Kemoko G., 20 ans, Shahiethan S., 19 ans et un mineur de 17 ans. La moto est retrouvée.
Mais ce qui choque le plus n’est pas tant la violence — devenue ordinaire — que l’organisation quasi militaire de ces attaques. On parle d’un véritable « traquenard » tendu par des dizaines d’individus armés, déterminés à blesser, voire pire. Un impact suspect, possiblement un tir, a même été retrouvé sur une portière de véhicule de police. Les dégâts matériels sont lourds : vitres éclatées, portières défoncées, pneus lacérés.
Ce soir, la CRS8 doit être déployée. Mais pour quoi faire ? Pour contenir l’explosion, calmer l’affaire… jusqu’à la prochaine fois. Parce que personne, dans les hautes sphères, ne semble décidé à poser la question qui fâche : que fait la république dans ces territoires où elle n’a plus ni autorité, ni respect, ni avenir ?
On feint d’ignorer que ces attaques ne sont pas des faits divers, mais des faits de guerre. Une guerre à bas bruit, menée contre les forces de l’ordre, contre l’ordre tout court. Et chaque recul, chaque silence, chaque réplique molle ne fait que valider l’occupation.
Mantes, Trappes, Nanterre, Marseille… combien faudra-t-il d’agressions coordonnées, de policiers blessés, de zones interdites pour que l’on cesse de parler de « tensions », et qu’on appelle enfin les choses par leur nom ?