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Le scénario qui se déroule sous nos yeux est implacable. Tellement implacable même qu’il rappelle furieusement 1789 et les années qui suivirent. A ceci près que ce qui prenait jadis des années se déroule aujourd’hui en quelques jours, grâce à la télévision et aux réseaux sociaux.

Le gouvernement a cédé. Sur l’affaire de l’augmentation des taxes (diesel, électricité, gaz), le Premier ministre, envoyé au casse-pipe par un roi déchu reclus dans son palais désert, a annoncé reculer sur tout ce sur quoi l’on avait promis de ne jamais reculer. Les réactions qui le regrettent comme celles qui s’en félicitent n’ont aucun sens. Peu importe que le gouvernement lâche du lest ou n’en lâche pas. Le résultat sera le même : la chute.

Dans les milieux nostalgo-royalistes, on aime à disserter sur ce qu’aurait pu faire Louis XVI pour endiguer ou arrêter le processus révolutionnaire. Devant nos yeux, en direct, l’Histoire nous apporte enfin la réponse à cette question historique : RIEN ! Lorsque le peuple de France, uni au-delà des barrières politiques, prend la rue, prend les chemins, prend les villes bientôt, et décide que sa propre survie est en jeu, rien ne peut l’arrêter.

En cédant sur les taxes, le Premier ministre a entrouvert la porte, et immédiatement un pied ferme s’est incrusté dans l’ouverture. Ce pied ne partira plus, jusqu’à ce que la porte soit ouverte.

Samedi, pour un quatrième week-end d’affilée, les Gilets Jaunes vont descendre dans la rue, et « monter » à Paris. Naïvement, parce qu’il n’a pas d’autre choix, le pouvoir protégera les lieux dans lesquels il s’exerce : Elysée, Beauvau, etc. Pourtant, ces palais n’ont plus grande importance : la transition s’est déjà faite. En France, depuis un mois, le pouvoir s’exerce dans la rue et s’exprime sur Facebook. Il ne reste à Emmanuel Macron que le bouton nucléaire, triste consolation pour le président le plus court de l’Histoire de la Vème république.

Samedi dernier, des Gilets Jaunes ont déjà tenté d’entrer dans les immeubles cossus de l’Avenue Kleber. Il est à craindre que ces tentatives se répètent dans trois jours.

Nous avons cru quelques instant que nous vivions une redite de Mai 68. Puis nous avons compris que c’était plutôt 1789. Espérons juste que ça ne deviendra pas octobre 1917. Jean-Luc Mélenchon et Alexis Corbières n’attendent que ça.

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