La décision du président turc de transformer l’ancienne basilique Sainte-Sophie en mosquée confirme sa fuite en avant et son agressivité envers les pays occidentaux. Ceux-ci doivent en tirer, enfin, les conséquences et s’opposer à Erdogan sans faiblesse, argumentent Charles de Meyer et Benjamin Blanchard, dirigeants de SOS Chrétiens d’Orient, dans Le Figarovox.

Les provocations se multiplient envers la Grèce, désormais en alerte complète après que la Turquie a envoyé un bateau d’assaut près de l’île grecque de Kastellorizo. Les sous-marins patrouillent pour contrer toute attaque. La Turquie a déployé un navire de recherche sismique, escorté par des bâtiments militaires, dans une zone riche en gaz et appartenant à la Grèce.

La Turquie reprend ses rêves millénaires en attentant régulièrement à la souveraineté des îles grecques voisines de son territoire.  

En brisant cet héritage, Erdogan entretient le mythe – très puissant, dans son pays – d’un réveil de l’Empire ottoman, étendant la religion musulmane jusque dans les moindres recoins de son territoire. À l’extérieur, il fait également le choix de se poser en adversaire de l’Europe assimilée à une chrétienté prétendument «islamophobe».

Longtemps, l’Europe a fait les yeux doux à une Turquie vue comme un partenaire fiable, voire comme un potentiel membre de l’Union européenne, bien qu’elle occupât la moitié de Chypre, État membre des Nations Unies, de l’Union européenne et de l’OTAN. Pire, la Turquie reprend ses rêves millénaires en attentant régulièrement à la souveraineté des îles grecques voisines de son territoire.

Durant des décennies, Bruxelles a déversé des centaines de millions d’euros pour faire passer «les bonnes pratiques démocratiques»,sensibiliser Ankara à la question des droits de l’homme ou faire avancer la cause des femmes. Bruxelles se reposait également sur la Turquie pour garder les frontières de l’Europe.

C’était l’époque où les décideurs turcs se lançaient dans «l’islam de marché». Sans rien renier, sur le fond, de leur idéologie inspirée du mouvement des Frères musulmans, ils revêtaient des atours occidentaux pour faire des affaires et de la diplomatie en Europe. C’était la charia en costume cravate, qui réjouissait des technocrates heureux d’imaginer que les fonds européens n’étaient pas dépensés en pure perte.

Le gouvernement turc n’hésite pas à soutenir des groupes terroristes islamistes en Syrie ; ou un groupe extrémiste et ultranationaliste comme « les Loups gris », en Europe.  

En réalité, les droits de l’homme n’ont pas plus progressé que la cause des femmes. Le prétendu partenaire, Erdogan, n’a cessé de faire pression sur l’Europe avec le chantage aux «migrants». Le président turc a laissé franchir, quand il le décidait, les frontières de l’Union européenne à des masses d’immigrés illégaux, parmi lesquels se glissèrent plusieurs terroristes.

Du côté de Chypre et de la Grèce, la Turquie multiplie aujourd’hui les actions et les violations de territoire afin de renforcer son influence sur ces anciennes conquêtes ottomanes.  

Simultanément, Ankara jette de l’huile sur le feu du conflit syrien afin de liquider les populations kurdes sous prétexte de lutte contre les groupes armés du PKK, dissimulant mal sa volonté d’annexer le nord est du pays. Pire, le gouvernement turc n’hésite pas à soutenir des groupes terroristes islamistes en Syrie ; ou un groupe extrémiste et ultranationaliste comme «les Loups gris», en Europe. Et la Turquie s’ingère en Libye pour maîtriser les flux de pétrole.

Erdogan a reçu les fonds qu’il attendait de l’Union européenne. Il peut déployer sa politique. Le «Sultan» a tombé la cravate.

Les juges turcs ont accepté de révoquer le décret de 1934 pour légitimer la transformation de Sainte-Sophie en mosquée. Alors, en ce 10 août 2020, centenaire du traité de Sèvres qui a consacré le démantèlement de l’Empire ottoman, peut-être serait-il bon de s’appuyer sur le droit international et sur l’histoire afin de juguler un impérialisme turc de plus en plus belliqueux.  […]

Le grave incident survenu dans le cadre d’une patrouille entre deux alliés membres de l’OTAN, illustre à quel point le retour à certaines des stipulations du Traité de Sèvres est urgent pour tenir tête à la Turquie, acteur géopolitique toxique qui aggrave dangereusement l’instabilité de la région et du monde. L’honneur de notre pays, la France, est en jeu. Et par un destin mystérieux, il correspond encore à la défense du sort des chrétiens victimes des rêves ottomans.

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