Le microcosme politique français semble découvrir cette semaine l’acronyme R.I.C. 

Forcément, l’idée n’est pas flatteuse pour les députés français. Elle est même en quelque sorte l’aveu de leur échec. Ils ne représentent personne d’autre que leur parti, et le peuple a fini par le comprendre.

Lors de l’Acte V, ce week-end, les trois lettres magiques ont fait leur apparition sur toutes les lèvres et sur des centaines de pancartes. Et on peut le comprendre : plutôt que de pousser chaque revendication une par une, avec le risque évident de les voir toutes échouer, mieux vaut promouvoir celle-ci ! La démocratie directe presque parfaite, à la mode suisse. Et décidément, ce pays étrange a de plus en plus de quoi séduire : il ne fait pas partie de l’honnie Union Européenne, il bat sa propre monnaie – le Franc, excusez du peu – et la démocratie y est vivante et directe. Tout ça est très tentant.

Entendre sur toutes les chaînes nos élites s’offusquer en expliquant que le référendum « ferait du mal à la démocratie » a quelque chose de jouissif. 

En 2008, une modification constitutionnelle a introduit la possibilité d’un Référendum d’Initiative Partagée, entendez partagée entre le peuple et ses soi-disants représentants. Selon cette forme, il faut 185 députés et 4,5 millions de Français pour enclencher la procédure. Autrement dit : c’est quasi impossible. Conséquence : ça n’a jamais été utilisé.

L’avantage du RIC tel que le veulent les Gilets Jaunes, c’est qu’il est une porte ouverte à toutes les autres revendications. Avec le RIC, rêvons, l’impôt pourrait même devenir soumis au consentement populaire, comme le veut la Déclaration des Droits de l’Homme.

Dans la version « Jaune » du RIC, celui-ci serait déclenché par 700.000 signatures, et permettrait de :

  • Proposer une loi
  • Abroger une loi
  • Révoquer un élu
  • Modifier la constitution

Hier soir, sur TF1, une intervenante Gilet Jaune de La Ciotat expliquait avec ses mots maladroits ce qui devient peu à peu évident pour tous : « Avec le RIC, on s’est rendu compte qu’on pouvait satisfaire l’ensemble des revendications de tous les Français ».

Si, de fait, les revendications « de tous les Français » ne pourront jamais être satisfaites, puisqu’elles sont contraires les unes aux autres, il faut accueillir l’avénement du RIC dans les débats comme une bonne nouvelle : l’annonce de la possibilité d’un petit peu plus de démocratie réelle, non confisquée.

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