La diffusion de la vidéo a révélé le scandale. La paroisse a réagit.

Réaction du curé de La Trinité :

Depuis quelques jours circulent sur les réseaux sociaux, Tiktok d’abord puis Facebook maintenant, une vidéo d’un appel à la prière des musulmans (Adhan) au sein d’une église catholique, identifiée comme l’église de la Sainte-Trinité (Paris 9°). Certains diffuseurs et commentateurs présentent cette vidéo comme ce qui pourrait être une prière interreligieuse.

Après enquête interne, voici les faits. Le 11 novembre 2023 a effectivement eu lieu au sein de l’église de la Sainte-Trinité un concert avec près de 200 artistes placés sous la direction de Mme Evelyne Schwab. Le programme était une « Messe pour la paix » intitulée « L’homme armé » et composée par Karl Jenkins (1944-).

Ce concert a bien été validé l’année dernière par la personne alors responsable des concerts que nous accueillons ponctuellement dans notre édifice.

Nous avons pour règle de n’accueillir que des programmes de musique sacrée chrétienne compatibles avec le caractère cultuel de l’édifice.

L’« Homme armé » est une mélodie populaire du XVe s. ayant souvent été utilisée pour mettre en musique les textes de l’ordinaire de la messe. Notre responsable des concerts ignorait l’étonnante structure de cette « messe » composée en 1999 par le musicien gallois Karl Jenkins à la mémoire des victimes du conflit dans les Balkans: en plus de l’ordinaire de la messe et d’extraits de psaumes et du livre de l’apocalypse, le texte de cette « messe » comporte aussi « l’appel à la prière » des musulmans, des textes profanes de Rudyard Kipling, d’Alfred Lord Tennyson et d’un survivant d’Hiroshima…

Contrairement à ce que certains commentaires laissent entendre – pour s’en réjouir ou pour s’en scandaliser -, il ne s’agissait ni d’une prière interreligieuse pour la paix dans notre église ni même d’une rencontre interreligieuse au sein de notre paroisse. Si nous estimons que le dialogue entre croyants de différentes religions est important pour construire une autentique fraternité, nous sommes en même temps convaincus qu’un tel dialogue ne peut être envisagé que dans une recherche exigeante de la vérité et non dans un esprit de confusion qui commence par relativiser les différences essentielles.

Si nous avions voulu promouvoir une rencontre interreligieuse en faveur de la paix, alors nous l’aurions sans doute organisée ailleurs que dans l’église et nous aurions mis en œuvre les critères indiqués par Joseph Ratzinger-Benoît XVI en 1986 et en 2006 à l’occasion des rencontres d’Assise initiées par saint Jean-Paul II.

(…)

Nous avons aussi appris depuis que cette œuvre musicale a déjà été jouée dans plusieurs églises, suscitant d’ailleurs ici et là quelques incompréhensions. Cependant, comme curé de la Trinité, si j’avais été personnellement informé que le programme de cette « Messe » de Karl Jenkins intégrait le chant de l' »Adhan » par le musicien nantais Yassine Hawa, j’aurais refusé sans hésitation d’accueillir ce concert dans l’église placée sous ma responsabilité. Le texte chanté est en effet en contradiction obvie avec la foi chrétienne et n’avait donc pas sa place dans notre église, même à l’occasion d’un évènement musical. Affirmer cela, ce n’est pas renoncer à la recherche de la paix par le dialogue, ce n’est pas non plus manquer de bienveillance envers les croyants d’autres religions, c’est au contraire se garder du « relativisme » qui, « sous le couvert d’une prétendue tolérance», s’avère au final être un obstacle à un dialogue constructif et fécond (cf. FRANÇOIS, encyclique Fratelli tutti).

Ayant moi-même été choqué en découvrant la séquence vidéo – sentiment renforcé par sa présentation et les commentaires -, je comprends très bien que certains fidèles puissent l’être en découvrant à leur tour les images d’un évènement qui n’aurait jamais dû avoir lieu si toutes les vérifications préalables avaient été correctement faites.

Avec une délégation de paroissiens, nous avons confié cela à la miséricorde du Seigneur au travers d’une célébration pénitentielle et une prière d’intercession au cours de laquelle nous avons proclamé l’Évangile du jour de Noël : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. […] Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. […] Dieu, personne ne l’a jamais vu; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître. » (Jean 1,1-18)

Père Emmanuel P., curé
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