La colère paysanne ne prend pas de trêve pour Noël

Illustration : LLP

Dans les campagnes du Sud-Ouest, Noël n’a pas résonné comme une parenthèse. Elle s’est inscrite dans la durée d’une mobilisation qui refuse de plier devant des décisions gouvernementales jugées non seulement injustes, mais potentiellement ravageuses pour l’avenir de toute une profession.

Ce 24 décembre, alors que beaucoup d’entre nous dînaient en famille, des hommes et des femmes ont dressé leurs barnums sous les ponts des autoroutes, ont célébré la messe de minuit au pied de leurs tracteurs et ont partagé un repas « façon auberge espagnole » sur les barrages toujours actifs. À Carbonne, au sud de Toulouse, une tonnelle de fortune a abrité, à la lueur des cierges et sous le regard des engins agricoles, une célébration religieuse transmis par centaines d’agriculteurs et d’habitants solidaires.


Cette mobilisation, lancée contre la politique de gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), n’est plus un simple mouvement d’humeur : elle est devenue une réponse réfléchie et déterminée à une stratégie sanitaire que beaucoup jugent dogmatique et destructrice. Depuis l’été dernier, l’État a imposé une politique d’abattage systématique des troupeaux à la moindre suspicion de foyer, complétée par des mesures de restriction de mouvement et des campagnes vaccinales encadrées.

Cette ligne dure a fracturé une profession déjà fragilisée par les crises successives. Pour les éleveurs, ce n’est plus une question de simple désaccord, mais de survie.

Les syndicats agricoles alternent protestations et propositions concrètes, dénonçant le manque d’écoute d’un gouvernement perçu comme sourd à la réalité du terrain. Du côté des manifestants, on ne parle plus seulement d’une épidémie à contenir, mais d’une politique qui menace d’éradiquer des exploitations familiales sans offrir de solution durable.

Sur l’A63, l’A64 et d’autres axes routiers, la circulation demeure entravée ; les barrages, loin d’être abandonnés, continuent de faire sentir leur présence. Et derrière les tracteurs, les banderoles et les prières nocturnes, c’est une France rurale qui lance un message clair : il ne sera plus question de sacrifier l’avenir de nos campagnes au nom d’un strict protocole sanitaire quand celui-ci semble ignorer les réalités humaines et économiques auxquelles sont confrontés les agriculteurs.

Quand d’aucuns vivent Noël comme une trêve, les agriculteurs du Sud-Ouest en ont fait un moment de résistance, choisissant de prolonger une lutte qu’ils estiment juste et vitale. Leur détermination est symptomatique d’un malaise plus profond : celui d’une nation où se joue, au cœur des champs, la question de la reconnaissance et du respect dû à ceux qui nourrissent le pays.

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La lettre patriote