Ce jeudi, à l’Assemblée nationale, l’immigration a une nouvelle fois servi de terrain d’expérimentation idéologique. Dans un Hémicycle largement déserté, notamment sur les bancs de la droite et du centre, deux propositions de loi portées par le Parti socialiste ont été adoptées. Peu de bruit, peu de caméras, peu d’opposition visible. Pourtant, les conséquences sont loin d’être anecdotiques. Il s’agit ni plus ni moins d’un nouveau pas vers l’effacement progressif de tout contrôle réel de l’immigration en France.
Cette mesure alourdit considérablement les procédures, tout en rendant quasi impossible toute vérification rapide. Elle repose sur un principe simple : le doute doit systématiquement profiter au demandeur, même lorsque les indices objectifs suggèrent l’inverse. Une logique qui transforme l’État en spectateur impuissant.
La solution proposée n’est donc pas de maîtriser les flux, mais de supprimer les contrôles. L’étranger n’aura plus à démontrer qu’il remplit toujours les conditions ayant justifié l’octroi initial de son titre de séjour. Ce sera désormais à l’État de prouver le contraire. Une inversion complète de la charge de la preuve, en contradiction directe avec l’esprit même du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile.
Certains députés l’ont rappelé sans détour : le cœur du sujet n’est pas administratif mais démographique. Le nombre de demandes explose parce que l’immigration explose. Refuser de l’admettre, c’est condamner toute politique publique à l’inefficacité.
À terme, cette logique conduit à un effacement progressif de la notion même de citoyenneté. Si le séjour devient automatique, si le contrôle devient exceptionnel, alors la frontière cesse d’être une frontière.
Le message est clair. L’automaticité du séjour prépare l’automaticité des droits politiques. Non pas au nom d’une intégration réussie, mais pour des calculs électoraux à peine dissimulés.
À force de simplifier, la France renonce. À force d’automatiser, elle abdique. Et pendant que l’Hémicycle se vide, les décisions, elles, restent.