Il y a des phrases qu’un président de la République ne devrait jamais prononcer. Et celle d’Emmanuel Macron, cette semaine, en fait partie. Depuis son séjour princier à Monaco — entre flashs, dorures, et dîners mondains avec le couple Grimaldi — jusqu’à son sommet sur les océans à Nice, le chef de l’État n’a visiblement pas trouvé une seconde pour regarder la France en face. Interrogé par la presse régionale, il a préféré dénoncer « ceux qui préfèrent, pendant ce temps-là, brainwasher sur l’invasion du pays et les derniers faits divers ».

Brainwasher, donc. Lavage de cerveau. Voilà comment Emmanuel Macron qualifie ceux qui, en France, osent encore évoquer la réalité des agressions, des viols, des meurtres, de la violence quotidienne qui ravage notre territoire. Ceux qui refusent de détourner le regard. Ceux qui pleurent leurs enfants assassinés, leurs parents massacrés, leurs voisins poignardés, ne seraient que des pantins manipulés. L’invasion migratoire ? Une illusion. La perte de contrôle sécuritaire ? Une invention. L’identité de la France ? Un thème d’extrême droite. Le réel ? Une opinion parmi d’autres.

Cette phrase, c’est plus qu’un mépris. C’est une gifle. Une insulte à Benoît, ce jeune de Dax, poignardé pour une casquette. À Lola, à Thomas, à Axelle, à Matisse. C’est une gifle à leurs familles, à leurs amis, à tous les Français qui ne reconnaissent plus leur pays. Ceux qui prennent des détours pour rentrer chez eux. Ceux qui ne laissent plus leurs enfants sortir seuls. Ceux qui constatent que des quartiers entiers ne sont plus la France, mais des zones de non-droit, sous la coupe d’autres lois, d’autres codes.

Et pendant ce temps, Macron parade sur les rivages méditerranéens, convoque l’universel pour fuir le particulier. À l’instar d’un Chirac recyclé, il déclare que « la planète brûle », tout en jetant de l’essence sur l’incendie démographique et identitaire qui ronge la nation. Car non, Monsieur le Président, ce n’est pas du brainwashing de parler des morts, des mutilés, des femmes agressées, des policiers poignardés, des pompiers caillassés, des enseignants menacés. C’est ce que vous devriez faire, vous, avant tout autre. Et si vous ne le faites pas, d’autres le feront — médias, citoyens, familles brisées — avec ou sans votre aval.

Faute de protéger, on disqualifie. Faute de gouverner, on méprise. Faute de s’excuser, on accuse. Voilà la méthode Macron. Et tant pis si la colère monte. Tant pis si l’angoisse grandit. Tant pis si des centaines de milliers de Français vivent désormais avec la peur au ventre. Ce ne sont que des « faits divers ». À ranger entre la météo et le sport. Inclassables, invisibles, inexcusables.

Mais la France n’est plus dupe. Ce n’est pas une minorité haineuse qui s’exprime, c’est une majorité blessée. Et cette majorité commence à ne plus pardonner. Parce qu’un jour, on ne pourra plus faire taire les morts. Parce qu’un jour, le peuple se souviendra de ceux qui, au lieu de veiller sur lui, l’ont traité de paranoïaque.

Emmanuel Macron a peut-être une vision planétaire. Mais la France, elle, n’a plus besoin d’un maître de conférences en diplomatie climatique. Elle a besoin d’un chef. D’un homme d’État. D’un président. Pas d’un monarque de papier, ni d’un moraliste cynique, qui traite son peuple comme un enfant mal éduqué. Trop de sang a coulé pour que cette arrogance soit encore tolérable.