Originellement, le sens qui séparait la droite de la gauche n’était pas économique, il était ontologique. Puis, l’invention de la lutte des classes et sa récupération par des forces de gauche (dont le Front Populaire) a décalé le fossé du côté de l’argent : les capitalistes étaient de droite, les socialistes de gauche. Pour faire court : les méchants à droite, les bons à gauche. Puis, la gauche a ajouté un autre attribut à la droite : l’amour de l’ordre. Histoire de faire oublier que le fascisme était un socialisme, le nazisme un socialisme athée, la gauche a tout fait pour accoler l’idée de l’obsession de l’ordre et de la force à la population de droite.

On le voit, de tout temps, c’est la gauche qui a défini la droite, comme ça l’arrangeait.

Aujourd’hui de même, le RN est classé à l’extrême droite, alors que sur bien des aspects il est un avatar du Parti communiste des années 70. Si « extrême-droite » veut dire « plus à droite que la droite », alors il faudrait que le RN soit plus économiquement libéral que Madelin lui-même ; et évidemment il n’en est rien, c’est tout l’inverse.

On voit passer sur les réseaux des appels à « la vraie droite », qui ne serait pas Les Républicains. Soit. Mais qui, alors ? Car économiquement, le plus à droite de tous en surface, c’est Emmanuel Macron ! C’est bien ce qui exaspère l’entièreté de la gauche non gouvernementale : souvenez-vous de la tête de Madame Vallaud-Balkacem lorsqu’elle apprit qui le Président Macron lui avait choisi comme successeur !

L’une des nouveautés apportées par le mouvement des Gilets Jaunes, c’est émergence sur les plateaux de télévision de personnes dont la raison même de la présence en plateau n’est pas l’étiquette de gauche ou de droite. Malgré les tentatives désespérées des journalistes de cataloguer chaque gilet rencontré à l’extrême gauche ou à l’extrême droite, ceci n’a plus aucun sens, car sur les ronds-points mêmes, le peuple sait qu’il est divers et d’opinions qu’on aime opposer. Mais, comme pendant les heures de Résistance, ou même comme au combat en 14 ou en 39, ces différences ne comptent plus lorsque l’ennemi est commun. On aura bien le temps de se fritter après la victoire.

Le colonel était de l’Action française
Le commandant était un modéré
Le capitaine était pour le diocèse
Et le lieutenant boulottait du curé
Le juteux était un fervent extrémiste
Le sergent un socialiste convaincu
Le caporal inscrit sur toutes les listes
Et le deuxième classe au PMU !
 
Et tout ça, ça fait
D’excellents Français
D’excellents soldats
Qui marchent au pas
En pensant que la République
C’est encore le meilleur régime ici-bas

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