« Barbares sans âme » : le cri d’une mère que la République n’entend pas
Tout le dossier : EnsauvagementIl y a des silences qui tuent deux fois. Et puis, il y a des paroles officielles, froides, technocratiques, qui viennent humilier une douleur déjà abyssale. Stéphanie, la mère du jeune Elias, 14 ans, assassiné à la machette pour un téléphone portable, n’a eu ni silence ni consolation. Elle a eu droit aux deux : le mépris d’une justice absente, et les platitudes d’une ministre qui, tout en se félicitant de ne pas « légiférer à chaud », continue à fermer les yeux sur une barbarie qui dévaste le pays.
Elias est mort. Il a reçu une lame de 40 centimètres dans le cœur. Pour rien. Ses assassins, multirécidivistes, connus des services de police depuis des années, armés de haches et de machettes, sont la conséquence directe d’un laxisme judiciaire devenu un mode de gouvernement. Ils sont aussi la preuve vivante que des pans entiers de notre société ont décroché de toute forme de civilisation.
« Ils n’ont pas d’âme »
Dans un cri déchirant, sa mère parle vrai. Elle parle fort. Et ses mots sonnent juste : « Ce ne sont pas des jeunes, ce sont des barbares. Ils n’ont pas d’âme. » Voilà ce que personne ne veut entendre, et que pourtant tout le monde ressent : que ces adolescents décivilisés, qui rôdent en meute, qui sortent chaque vendredi pour traquer, voler, blesser, tuer, ne sont pas des victimes d’un système… mais les bourreaux d’une société qu’ils rejettent en bloc.
La mère d’Elias ne réclame pas vengeance. Elle réclame du courage. Le courage de dire les choses. Le courage de nommer le mal. Le courage de protéger les innocents, au lieu d’excuser les coupables. Mais que lui répond-on ? Qu’il faut « prendre le temps », qu’il ne faut pas « réagir sous l’émotion ». Voilà ce que l’on ose dire à une mère qui a dû identifier son fils les yeux ouverts, le thorax éventré.
Une justice en décomposition
Les faits sont accablants : les assassins d’Elias étaient déjà dans le viseur de la justice. Connus, suivis, condamnés. Mais jamais arrêtés dans leur chute. Jamais sortis du circuit. Jamais empêchés. Pire : lorsqu’une décision les contraint à ne pas se revoir, ils continuent de se croiser dans les couloirs du même immeuble. On croit rêver. Mais non. En France, on peut violer la loi, terroriser un quartier, poignarder un gamin et continuer à dormir chez soi, comme si de rien n’était.
La mère d’Elias le dit avec la force d’une femme brisée mais droite : « Ils ne font pas partie de la société. Ils ne doivent plus vivre avec nous. » Ce n’est pas de la haine. C’est le bon sens. C’est la volonté d’en finir avec les mots creux et les postures d’apparat. C’est l’exigence de vérité, face à un pouvoir politique et judiciaire qui préfère protéger les bourreaux plutôt que d’écouter les mères.