Jean-Luc Mélenchon donne l’impression de baisser la voix. Moins de slogans incendiaires sur la scène internationale, davantage de discours feutrés sur l’économie, la stabilité et les petites entreprises. À un an et demi de l’élection présidentielle, le chef de La France insoumise semble vouloir rassurer. Mais derrière cette façade plus lisse, le danger politique n’a jamais été aussi tangible.
Ce n’est pas un renoncement idéologique. C’est une manœuvre. Après avoir solidement verrouillé un électorat jeune, urbain et radicalisé, Jean-Luc Mélenchon cherche désormais à élargir son assise. Il a compris une chose : sans crédibilité économique apparente, aucun accès au second tour n’est possible. Le discours se transforme donc, la radicalité se dissimule, le vocabulaire s’adoucit.
Parler aux artisans, aux indépendants, aux dirigeants de TPE-PME : voilà la nouvelle cible. Le tournant est habile. Il ne s’agit plus d’opposer frontalement l’entreprise à l’État, mais de fracturer le monde économique entre « petits » et « grands », entre « alliés » et « adversaires ». Une vieille recette marxiste, simplement reconditionnée pour 2027.
Car sur le fond, rien ne change. Planification étatique, conditionnement des aides publiques, explosion de la fiscalité, remise en cause massive de l’économie de marché : tout est toujours là. Le discours sur la « visibilité » et la « stabilité » n’est qu’un habillage. La promesse reste celle d’un État omniprésent, arbitre de ce qui mérite de vivre ou de disparaître.
Jean-Luc Mélenchon sait que son nom inquiète. Il sait que son projet effraie. Cette nouvelle posture vise donc à anesthésier les résistances. Faire croire qu’un pouvoir insoumis serait, au fond, raisonnable. Prévisible. Géré. C’est précisément là que réside le danger : lorsque le radicalisme se fait discret, il devient plus efficace.
Ne nous y trompons pas. Cette stratégie n’est pas un apaisement, mais une phase préparatoire. Une fois le pouvoir conquis, les masques tomberont. L’histoire politique est remplie de ces moments où l’extrémisme avance à pas feutrés avant de frapper brutalement.
Ce qui se joue aujourd’hui n’est pas un simple repositionnement tactique. C’est une tentative de rendre acceptable l’inacceptable. Face à cette entreprise de normalisation de l’extrême gauche, la vigilance n’est pas une option. Elle est une nécessité vitale.
Attention, danger.
