L’ancien ministre, candidat à l’élection présidentielle bloqué autour de 2 à 3% des intentions de vote, fait un constat amer sur l’état de la gauche, dans un entretien avec nos confrères de Libération. Extraits.

(…) je suis allé voir Anne Hidalgo, à sa demande, et elle m’a dit qu’elle ne serait pas candidate.

(…) Je défends depuis longtemps des sujets que personne ne défend à gauche, que celle-ci a laissé tomber : la valeur travail et sa juste rémunération, que Benoît Hamon et son revenu universel ont abandonnées ; le retour raisonnable de la souveraineté nationale que le PS et son euro-béatitude ont abandonné ; la réindustrialisation et le « made in France » que les Verts anti-nucléaires rendent impossibles ; la fermeté républicaine dans les domaines régaliens que refuse La France Insoumise qui théorise son communautarisme.

(…) La gauche s’est repliée sur les centres-villes des métropoles, qui sont un réduit sociologique mais qui domine culturellement par le mépris le reste de la société. Les métropoles ont tout : les sièges sociaux, les bons salaires, l’accès à la culture et aux services publics, les élus de poids et l’agenda médiatique. Pour moi qui suis un enfant de la France rurale et des sous-préfectures, je ressens avec Christophe Guilluy ce mépris par la France d’en haut qu’ont mis en scène des Deschiens.

(…) je suis frappé par l’oubli complet de l’objectif de partage des richesses créées dans l’entreprise. Vous prenez un socialiste moyen, il ne parle que de redistribution par voie d’allocations nouvelles et d’impôts nouveaux. Mais qui s’occupera d’humaniser l’économie ? Si la gauche est si faible électoralement alors qu’il y a un besoin de gauche, de services publics, de sécurité sociale, d’État fort, interventionniste et bâtisseur, c’est précisément parce que les gauches ont déserté tous ces terrains-là…

(…) Macron […] a une politique pro-européenne jusqu’à la naïveté, stupidement mondialisatrice et pauvrement libérale. Pour ce projet, il a ramassé tous les opportunistes de gauche et de droite sur le chemin par du débauchage individuel. D’ailleurs, il a pris tous les quatrièmes couteaux. Faire de Christophe Castaner un ministre de l’Intérieur, personne n’y eût songé ! Gérard Collomb ministre de l’intérieur, encore moins !

(…) Je crois que la gauche a abandonné le récit national, et c’est pourquoi elle en est là. Ma préoccupation est de renouer avec le récit national.

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