Je suis certain que chaque année se déroulent un peu partout dans le monde des conventions de chirurgiens-dentistes. Je suis certain qu’ils se réunissent dans de grandes salles et y assistent à des conférences sur les progrès de la dentisterie, etc.

En revanche, je ne pense pas qu’on y remet des « Dents d’Or » aux plus célèbres d’entre eux. Je ne pense pas qu’on y fait monter sur scène telle ou tel orthodontiste, les qualifiant au choix d' »immense » ou de « génie ». Je ne pense pas non plus qu’on y projette des résumés vibrants de leur carrière, avec musique romantique en fond. Avantage certain : il ne viendrait à l’idée d’aucun dentiste, aussi talentueux soit-il, de se croire autorisé à donner publiquement son avis sur tel ou tel sujet de société, mise à part la santé buccale.

Pourtant, n’importe quel dentiste est beaucoup plus utile à l’humanité que tous les cinéastes réunis.

Or, regardant hier par hasard quelques minutes de la cérémonie d’ouverture du festival de Cannes, j’ai été saisi d’hilarité. Ces gens, qui ne font rien d’autre qu’être payés des millions à se divertir en réussissant de rares fois à nous divertir aussi, se prennent vraiment pour des gens importants, des héros et des hérauts. Si vous avez le malheur de regarder avec un tant soit peu de recul ce genre de cérémonie, vous oscillez rapidement entre le dégoût et l’éclat de rire. Franchement, pour qui se prennent-ils ?

Alors on me rétorquera que, quand même, on a tous vécu des moments de grâce cinématographiques. Oui, chacun peut témoigner de moments de plaisir vécus affalés sur des gros fauteuils dans une salle obscure. Mais enfin, calmons-nous. On a aussi tous obtenus des plaisirs bien plus longs et profonds en lisant Le Voyage ou n’importe quel tome de La Recherche de Proust. Et ni Céline ni Proust ne se sont pris pour des divinités.

Car qu’est-ce que l’industrie du cinéma, finalement, au-delà de cette amusante invention technologique française ?

C’est tout simplement une usine à milliards, un machin dont l’unique objectif est de produire de l’argent. Le Cinéma, ce sont les producteurs. Or, nous savons depuis maintenant assez longtemps que parmi ces producteurs et ces réalisateurs se trouvaient un nombre impressionnants de violeurs, harceleurs, parfois détourneurs d’enfants, etc. Ces mêmes gens qui fabriquent une industrie dont les acteurs (au double sens du mot) ne cessent de vouloir donner des leçons au peuple.

Car, oui, on pourrait aussi me rétorquer qu’il est sain pour la démocratie que des artistes puissent aller contre les vents dominants et faire réfléchir le public. Oui, ce serait intéressant. Mais ça n’arrivera jamais. Démonstration : oui, il a bien été fait un certain nombre de films sur la peine de mort. Absolument tous dans le même sens. Oui, il a bien été fait un certain nombre de films sur l’homosexualité. Absolument tous dans le même sens. Oui, il a bien été fait un certain nombre de films sur la révolution française. Tous dans le même sens, sauf UN, récemment qui conséquemment a été vilipendé par toute la presse. Etc. etc. Je pourrais prendre n’importe quel sujet : TOUS les films qui l’aborderaient le feraient dans le même sens. Le Cinéma n’est pas un art de contre-pouvoir, c’est l’outil principal du pouvoir. Le plus grand propagandiste du politiquement correct, c’est le cinéma. Le plus dangereux ennemi de la pensée indépendante, libre, vivante, c’est le cinéma.

L’industrie cinématographique est une machine à faire taire les voix dissidentes, une machine conduite par des pervers, des menteurs, des commerçants sans scrupule. Ces mêmes-là qui n’ouvrent jamais la bouche sans tenter de donner des leçons de leur fausse morale putride.

Leur festival s’est ouvert à Cannes. Et ça n’intéresse plus personne.

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