Les Républicains ont joué avec le feu. Ils découvrent aujourd’hui que l’incendie menace de tout réduire en cendres. Bruno Retailleau, d’un côté, Laurent Wauquiez de l’autre : deux coqs dans une basse-cour calcinée. Chacun veut tenir la ligne, chacun prétend incarner la fermeté. En réalité, la droite institutionnelle n’a plus de colonne vertébrale, seulement des égos qui se télescopent au milieu des ruines.
Retailleau jure que jamais, au grand jamais, il n’acceptera une suspension de la réforme des retraites. Pour lui, ce serait trahir des années de bataille idéologique et ruiner la crédibilité d’une droite qui, déjà, n’en a plus guère. Wauquiez, lui, laisse fuiter qu’il ne serait pas insensible à une petite « suspension » si cela pouvait éviter une dissolution et sauver les sièges de ses députés. Résultat : les téléphones chauffent, les sénateurs ricaneurs parlent de complot, les députés s’écharpent en visioconférence, et tout le pays observe, amusé ou consterné, le spectacle d’un parti qui se saborde.
On croirait un mauvais vaudeville : un Premier ministre démissionnaire, un président incapable de gouverner, et une droite soi-disant “responsable” qui se déchire sur la seule question qui lui reste comme totem – les retraites. L’un crie à la trahison, l’autre à la tactique. En réalité, les deux ont raison… et tort à la fois. Car à force de pactiser avec le macronisme, de tergiverser entre “participation exigeante” et “soutien critique”, LR ne sait plus où il habite.
Gérard Larcher, dans son rôle de vieux sage, répète “ni suspension, ni abrogation”. Mais qui l’écoute encore ? Florence Portelli crie son écœurement, Fasquelle brandit l’épouvantail des marchés financiers, d’autres parlent d’amateurisme. Bref : une maison de retraite politique, où chacun radote ses obsessions pendant que les murs s’écroulent.
Le comble ? Certains accusent Macron de vouloir planter un clou dans le cercueil de la droite. Comme si le Président avait besoin de s’en donner la peine ! Les Républicains n’ont pas attendu ses manigances pour scier eux-mêmes la planche sur laquelle ils sont assis.
En vérité, la droite institutionnelle est au bord de l’implosion parce qu’elle a cessé d’être… de droite. Prisonnière de ses calculs, obsédée par la peur d’une dissolution, fascinée par les maroquins ministériels, elle n’offre plus ni vision, ni cap, ni courage. Pendant que Retailleau et Wauquiez se chamaillent, le pays continue de sombrer.
Oui, la droite a joué avec le feu. Mais dans cette histoire, les pompiers sont aussi les pyromanes. Et c’est la maison France qui risque de brûler avec eux.