Bayrou : dernier prêche avant l’exécution

Illustration : LLP

François Bayrou croit encore que ses chiffres vont l’empêcher de sombrer. Alors il est allé à la TV pour prêcher. Car, oui, il agite la dette comme un prêcheur brandit son missel, il ressasse les milliards comme d’autres les versets, persuadé que la République va s’incliner devant sa science comptable. Pathétique illusion : Matignon n’est pas une salle de classe et la politique française n’a jamais eu grand-chose à voir avec la raison.

À l’Assemblée, on ne l’écoute même plus. Ses envolées sur la rigueur budgétaire tombent à plat, quand elles ne déclenchent pas des rires étouffés. Bayrou, c’est le professeur fatigué qui continue d’expliquer la règle de trois à des élèves dissipés, alors que la cour de récré s’est transformée en arène de gladiateurs.


Ses adversaires ne cherchent pas à réfuter ses arguments – ils n’en ont cure. Ils veulent sa peau, point final. Peu importe qu’il ait raison sur la faillite de l’État : il est devenu le visage idéal à abattre, la victime expiatoire d’un pays drogué au dégagisme. Après Hollande, après Macron, voici Bayrou. Une tête de plus au palmarès.

Et lui, obstiné, se débat comme un pantin. Il croit encore à la solennité des discours, à la force des mises en garde. Mais la France, elle, réclame du spectacle. Le Premier ministre n’est plus une autorité, mais une cible mouvante. On ne discute plus avec Bayrou : on prend date pour sa chute.

Il restera dans les mémoires, non pas comme le « sage » de Pau, mais comme un énième figurant précipité hors de scène. Ses moulinets oratoires n’y changent rien : la dette attendra. Le peuple veut des têtes, et la prochaine sera la sienne.

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