À peine François Bayrou avait-il terminé de dérouler son plan de rigueur que les réactions se sont enchaînées : l’extrême gauche a crié à l’« austérité meurtrière », le RN a évoqué la trahison sociale, et le Parti socialiste… a hésité. Car chez les solfériniens survivants, l’art du double discours n’a jamais disparu : ils dénoncent avec des trémolos dans la voix, tout en tendant discrètement la main au gouvernement qu’ils prétendent vouloir censurer.
Les faux durs du PS
« Si Bayrou ne revoit pas sa copie, il est condamné », menace Pierre Jouvet, en bras de chemise. L’ancien rocardien reconverti en taxateur en chef tente de hausser le ton. Son chef Olivier Faure le suit du menton : la « censure » serait l’issue logique, dit-il. Mais dans les couloirs, on prépare déjà « des propositions alternatives » pour septembre. Autrement dit : on veut négocier. On veut être respecté. Et surtout, on veut exister.
Cette posture de dureté est d’autant plus grotesque que c’est bien avec les voix socialistes que Bayrou, déjà sauvé de la noyade budgétaire l’hiver dernier, espère cette fois encore échapper à la censure. La ficelle est énorme : les socialistes veulent faire croire à une intransigeance qu’ils n’ont pas les moyens d’assumer.
Une ligne économique irréaliste et anachronique
Le Parti socialiste, toujours aussi arc-bouté sur les vieilles lunes de l’étatisme fiscal, dénonce la « violence » du plan de 44 milliards d’économies. Ce qui, pour tout esprit rationnel, ne constitue même pas un début de retour à l’équilibre. Mais pour la gauche, couper dans les dépenses revient à un blasphème. Il ne faut surtout pas toucher aux allocations, ni à la fonction publique, ni à rien.
Et pour « compenser », que proposent-ils ? Une nouvelle taxe : la fameuse « taxe Zucman », un impôt confiscatoire sur le patrimoine supérieur à 100 millions d’euros. Du bon vieux marxisme repeint en rose pastel. Et cela, dans un pays qui saigne déjà ses contribuables à blanc, où les grandes fortunes s’exilent, où les classes moyennes s’effondrent sous les prélèvements.
La gauche, dans son obsession de punir la réussite, ignore délibérément que cette taxe chasserait les derniers capitaux productifs hors de France. Mais peu importe : l’essentiel, pour elle, est de flatter le ressentiment, de gratter quelques points dans les sondages, et de faire croire qu’elle défend les « petits ».
Une opposition de façade, un consentement de fond
Olivier Faure le dit lui-même : « Il y a d’autres manières d’entrer dans le sujet ». Le PS ne rejette pas la rigueur, il en discute simplement la forme. Il veut bien d’un plan d’austérité, tant qu’il est rédigé à l’encre rose. Les « deux jours fériés supprimés » ? On crie à la manipulation, tout en sachant très bien que cette mesure est un ballon d’essai que le gouvernement retirera volontiers en échange de concessions sur le reste. Chacun connaît la danse.
La vérité, c’est que les socialistes cherchent désespérément à retrouver un rôle dans l’architecture du pouvoir. Ils veulent montrer leur responsabilité à Bruxelles, leur capacité de gestion à la presse économique, et leur fidélité aux équilibres républicains. À gauche, on ne rêve plus de révolution : on rêve d’un strapontin.
Pendant ce temps, la France s’effondre
Et pendant que ces petits arrangements se nouent, la France décroche. L’économie ralentit. Les impôts s’alourdissent. Le logement s’effondre. L’hôpital agonise. Les classes moyennes n’en peuvent plus. Mais à Paris, dans les salons feutrés de la rue de Solférino ou de Bercy, on négocie. On théorise. On commente les tweets de Coquerel ou de Barnier. Le peuple, lui, n’est jamais invité.
En réalité, le seul débat qui vaille serait de savoir comment remettre l’État à sa juste place, restaurer la souveraineté budgétaire, assainir les comptes sans écraser le contribuable, et mettre fin aux dépenses idéologiques, à commencer par l’immigration. Mais pour cela, il faudrait une classe politique responsable. Ce n’est pas à gauche qu’on la trouvera.