C’est une image qu’on croyait réservée à d’autres latitudes. Ce matin, vingt policiers en gilets pare-balles, accompagnés de juges d’instruction, ont investi le siège du Rassemblement national, premier parti d’opposition de France. Bureaux fouillés, ordinateurs saisis, messageries explorées. Le tout, sans que les principaux concernés sachent précisément ce qu’on leur reproche.
Le président du RN, Jordan Bardella, dénonce un « acharnement ». Le mot est faible. Car ce qui s’est produit ce matin n’est pas un banal épisode judiciaire. C’est un événement politique majeur. Un précédent. Un pas de plus dans ce que beaucoup nomment désormais la dérive autoritaire du pouvoir en place.
Une justice armée face à un parti d’opposition
Répétons-le : il ne s’agit pas d’un groupe clandestin, d’un mouvement subversif, d’un réseau mafieux. Il s’agit du premier parti d’opposition, choisi par des millions de Français. Que son siège soit perquisitionné avec une telle démesure – armes apparentes, mise en scène spectaculaire – pose une question grave : dans quelle démocratie sommes-nous en train de basculer ?
Car ce matin, ce n’est pas le RN seul qui est visé. C’est l’idée même d’alternance. C’est le droit, pour un parti non-aligné, de critiquer, de proposer, de prétendre gouverner. Ce sont les électeurs de ce mouvement – nombreux, calmes, légitimes – qu’on humilie indirectement, en frappant à la porte de leurs représentants comme s’ils étaient des criminels.
Un climat d’intimidation devenu systémique
Ce n’est pas la première fois que les opposants au pouvoir subissent ce type de traitement. Les exemples ne manquent pas : mises en examen médiatisées, convocations opportunes en pleine campagne, fuites savamment distillées dans la presse. Le message est clair : contestez, mais pas trop fort. Sinon, la machine judiciaire viendra vous rappeler à l’ordre.
Et comme toujours, l’indignation médiatique est à géométrie variable. Qu’un candidat de gauche écologiste fasse l’objet d’un contrôle, et c’est la démocratie qui vacille. Qu’un parti classé à droite de la droite soit visé par une descente spectaculaire… et les commentateurs parlent de « justice indépendante ».
Vers un glissement inquiétant ?
Il ne s’agit pas ici d’exiger l’impunité. Si des faits répréhensibles sont établis, la justice doit faire son travail. Mais encore faut-il qu’elle le fasse avec impartialité, sans excès de zèle, sans volonté manifeste de frapper les esprits en pleine recomposition politique. Car perquisitionner un parti d’opposition sans motif clairement énoncé, c’est prendre le risque de miner la confiance dans l’État de droit lui-même.
Jordan Bardella a raison de parler d’atteinte au pluralisme. Dans toute démocratie mature, le pouvoir protège ses opposants en acte, pas seulement en parole. Il respecte leur place, même s’il la combat dans l’arène politique. Il n’envoie pas la police leur confisquer leurs fichiers en pleine campagne.
Le choix du peuple ne se neutralise pas à coups de perquisitions
En démocratie, la seule légitimité qui vaille est celle des urnes. Or c’est précisément ce que l’on cherche à contester ici : la légitimité du RN à incarner une alternance. Une alternance pourtant chaque jour plus probable, au vu du désaveu massif du pouvoir actuel.
Mais pour certains, mieux vaut saboter que perdre. Mieux vaut criminaliser que débattre. Mieux vaut envoyer la Brigade financière que des idées nouvelles.
Mais le peuple n’est pas dupe. Et l’histoire jugera.
Depuis 8h50 ce matin, le siège du Rassemblement National – y compris les bureaux de ses dirigeants – font l’objet d’une perquisition menée par une vingtaine de policiers de la Brigade financière, armés et en gilets pare-balles, accompagnés de deux juges d’instruction.
— Jordan Bardella (@J_Bardella) July 9, 2025
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