On croyait que la République tenait bon face à Rédoine Faïd, roi de l’évasion, braqueur endurci, légende noire des prisons françaises. Voilà qu’un tribunal de Béthune décide de desserrer les chaînes. Motif ? Ses conditions de détention seraient « contraires à la dignité humaine ». En d’autres termes : on craint plus pour le bien-être du détenu que pour la sécurité de la société.
Onze ans d’isolement, deux évasions et un cas à part
Il faut rappeler de qui on parle : un homme qui s’est évadé deux fois, dont une par hélicoptère, condamné pour des braquages sanglants, dont un mortel, et toujours considéré comme un détenu à très haut risque. Depuis 2013, Rédoine Faïd vit sous un régime carcéral d’exception. Fenêtre obstruée, lumière allumée la nuit, visites sous hygiaphone, activités réduites à l’art-thérapie : l’État verrouille, et à raison.
Mais pour la justice, cela ne suffit plus. Il faudrait relâcher la pression. Lui accorder plus de lumière. Lui offrir des parloirs « normaux ». Peut-être même, bientôt, une cellule en unité de vie familiale. On frôle l’absurde.
Le « risque d’aggravation de sa dangerosité » : inverser la logique
Comble de l’argumentation judiciaire : l’experte psychiatrique évoque un risque d’aggravation de sa dangerosité si l’isolement continue. En clair, ce qui protège la société pourrait le rendre plus dangereux. À ce compte-là, pourquoi ne pas appliquer la même logique à tous les criminels ? Moins on les surveille, moins ils s’échappent ?
Cette rhétorique est un renversement pur et simple du bon sens sécuritaire. Elle revient à suggérer qu’il est urgent de desserrer l’étau autour d’un récidiviste notoire, sous prétexte qu’il en souffre trop. Mais qui se soucie de ce que ressent la famille d’Aurélie Fouquet, abattue en 2010 lors d’un de ses braquages ?
La dignité humaine, nouvelle jurisprudence du chaos
L’argument de la « dignité humaine » est devenu le joker de la fragilisation judiciaire. Qu’un détenu se plaigne de ses conditions de détention, cela s’entend. Qu’on l’écoute, pourquoi pas. Mais qu’on lui donne raison contre toute considération de sécurité, c’est une autre affaire. La justice oublie que Rédoine Faïd n’est pas un détenu lambda. C’est un homme dont l’évasion est une obsession, un objectif, un métier presque.
La décision tombe comme un symbole : le système n’a plus confiance en lui-même. Il tremble à l’idée de maltraiter ses ennemis. Il se méfie plus de son autorité que du risque d’une nouvelle cavale.
Bref, la République cède du terrain — encore
Le parquet a fait appel. C’est heureux. Mais le message est déjà envoyé : même les profils les plus dangereux peuvent user de la mécanique judiciaire pour éroder la vigilance carcérale. Derrière les barreaux, d’autres regardent, prennent des notes, s’organisent.
Pendant ce temps, les honnêtes gens, eux, doivent croire que la justice protège. Bon courage.