Frères musulmans : Macron réunit ce lundi de nouveau en urgence son Conseil de défense

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Cela fera bientôt deux mois qu’Emmanuel Macron a reconnu, du bout des lèvres, la gravité de l’entrisme islamiste mis en lumière dans un rapport explosif sur les Frères musulmans. Deux mois, donc, pour réfléchir. Et ce lundi matin, le chef de l’État réunit enfin à l’Élysée un Conseil de défense pour faire semblant d’agir. Un deuxième round destiné à camoufler le premier fiasco.

Un chef de l’État pris entre sa majorité et le réel

Car la première réunion en mai dernier avait laissé un goût amer à ceux qui, dans les ministères régaliens, espéraient des consignes fermes. À la place, Emmanuel Macron avait préféré temporiser. Il avait sèchement recadré ses ministres, jugeant leurs propositions trop timorées – y compris celles du nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Ce dernier, piqué au vif, n’avait pas caché son étonnement : les pistes d’action avaient pourtant été discutées avec l’Élysée en amont.

Retailleau mis sous pression

Depuis, le ministre ne décolère pas. Lui qui avait annoncé vouloir instaurer un rapport de force avec l’Algérie, durcir les mesures contre l’islam politique et reprendre la main sur les ingérences étrangères, s’est retrouvé contraint d’attendre que le chef de l’État se décide enfin à bouger. L’invitation de ce lundi semble donc sonner comme une tentative d’apaisement… ou de mise au pas.

Une manœuvre plus politique que sécuritaire

À en croire l’Élysée, les ministres de l’Éducation, des Sports et de l’Intérieur seront autour de la table. Mais quels leviers concrets seront activés ? Rien n’a filtré. Et beaucoup redoutent que ce Conseil de défense ne débouche, comme souvent, que sur des effets d’annonce. Il s’agit moins de traiter sérieusement le péril que de rassurer une opinion publique de plus en plus inquiète.

Car les signaux d’alarme s’accumulent : écoles privées sous influence, clubs de sport utilisés comme vecteurs idéologiques, élus locaux pris dans des réseaux opaques. Et pendant ce temps, la majorité présidentielle semble paralysée entre le risque d’accusations de stigmatisation et la peur de perdre le contrôle du terrain.

L’ombre portée de l’Algérie

Difficile, en effet, de ne pas relier ce durcissement tardif à la pression montante des oppositions, qui pointent à la fois le silence de Paris sur le cas Boualem Sansal, écrivain emprisonné en Algérie, et l’absence de réponse ferme sur l’entrisme islamiste. L’exécutif, critiqué à droite comme à gauche, est acculé. Et Macron sait qu’il ne pourra pas éternellement fuir l’évidence : le double discours ne passe plus.

Une occasion de se rattraper… ou de se défausser

Ce deuxième Conseil de défense sera-t-il celui de la fermeté retrouvée ? Rien n’est moins sûr. Mais il permettra peut-être à Emmanuel Macron de sauver les apparences. Face à la menace des Frères musulmans, il ne s’agira plus de disserter, mais de trancher. Le président en aura-t-il la volonté ? Ou continuera-t-il de jouer la montre, en espérant que le problème se dilue dans les déclarations sans suite ?

Dans ce dossier comme dans d’autres, la lucidité est là. Ce qui manque, c’est le courage.



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