Delogu en Algérie : la diplomatie du bled et le reniement des siens

Photo : Wikimedia / Creative Commons

Il voulait jouer les messagers de paix, tendant la main au régime algérien. Il s’est retrouvé renvoyé dans ses cordes par son propre camp. Sébastien Delogu, député LFI des Bouches-du-Rhône, a cru bon de se rendre en Algérie, où il a flatté le pouvoir en place, dénigré la France, et oublié dans la foulée deux prisonniers politiques français : le journaliste Christophe Gleizes et l’écrivain Boualem Sansal.

Une visite en forme de démonstration : Delogu, plus que député de la nation française, est ambassadeur de lui-même, représentant d’un imaginaire postcolonial dans lequel l’Algérie est toujours la victime et la France, toujours coupable.


L’accueil triomphal et le silence complice

Il a vanté, la voix mielleuse, l’ »accueil extraordinaire » qu’il a reçu, comme s’il découvrait le sens de l’hospitalité. Il a salué le peuple algérien pour « les valeurs qui sont les siennes » – sans préciser lesquelles, ni évoquer celles piétinées par la justice du régime, qui jette en prison un écrivain et un journaliste.

Pas un mot sur Boualem Sansal, ni sur Christophe Gleizes. Pas un frémissement de solidarité. Rien. Delogu a traversé l’Algérie comme un touriste de la repentance, pressé de montrer patte blanche. Le député de Marseille a préféré tacler Bruno Retailleau plutôt que de défendre la liberté d’expression ou ses compatriotes emprisonnés.

LFI lâche l’un des siens (pour une fois)

Face au tollé, LFI a d’abord laissé faire. Puis, voyant le vent tourner sur les réseaux sociaux, le parti a désavoué son député, le reléguant au rang de « voix personnelle » – manière élégante de dire : « Il nous embarrasse. » Mieux encore, le mouvement mélenchoniste a dû se fendre d’un message officiel pour demander la libération de Gleizes et Sansal, comme si ce rappel de base n’allait pas de soi.

À force de jouer avec les régimes autoritaires dès lors qu’ils sont anti-occidentaux, la gauche radicale se perd dans ses propres contradictions. Comment dénoncer Israël comme un État d’apartheid, tout en léchant les bottes d’un régime qui jette en prison écrivains et journalistes ?

Delogu a franchi une ligne que même son propre camp ne pouvait plus défendre sans perdre la face.

Quant à la France officielle ? Elle regarde passer les humiliations. L’ambassade n’a pas bougé. L’Élysée, muet. Et l’Assemblée nationale continue d’héberger des élus qui font allégeance à d’autres patries que la leur.

Delogu aurait pu défendre la liberté. Il a préféré défendre ses émotions. Mais la politique n’est pas une thérapie familiale ni un pèlerinage mémoriel. Encore faut-il s’en souvenir.

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