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En aucun cas ce débat n’aura été un match de foot, comme l’ont laissé entendre certains journalistes sur le plateau de BFMTV. Il n’y a pas eu de passes, d’actions construites, de buts, de revirements ni quoi que ce soit. 

Ce débat est bien plus proche de la guerre des tranchées que d’un duel d’escrime. Éric Zemmour comme Jean-Luc Mélenchon se sont cantonnés à leurs idées, se sont retranchés dans leurs arguments. Ni l’un ni l’autre n’a dévié de sa ligne habituelle : ce fut idéologie contre idéologie, chiffres contre chiffres, vérité contre contre-vérité. 

Si Jean-Luc Mélenchon a été particulièrement agressif dès l’ouverture du débat – 2 minutes après avoir annoncé sa volonté d’éviter un « combat de coqs » -, Zemmour a eu la sagesse de ne pas tomber dans ce piège. En enchaînant attaque après attaque, Mélenchon a tenté de coincer son adversaire dans une posture défensive, de le forcer à répondre à une série d’attaques pour ne pas lui laisser le temps de porter les siennes. Plutôt que de répondre minutieusement à chaque accusation, il les a esquivées et a répondu à l’attaque par l’attaque. 

Les deux débateurs se sont retranchés dans leurs camps. Zemmour a repris ses arguments et ses chiffres classiques. Pour les spectateurs fidèles de Face à l’info, aucune des affirmations d’Eric Zemmour n’a été une surprise. Les arguments sont les mêmes, comme les chiffres qui les accompagnent. Eric Zemmour est resté solide et sûr de lui car il n’est pas sorti de son terrain. Il n’en est pas sorti, ce qui ne signifie pas pour autant qu’il s’est reposé sur ses lauriers. 

La modération espérait diviser le débat en deux questions :

1 – La France est-elle en danger ? 

2 – Comment réduire la fracture sociale ? 

De prime abord, il semblait évident que Zemmour devait dominer la première partie du débat et Mélenchon la deuxième. Cela ne s’est pas produit. Alors que l’économie, le social et l’écologie ne sont pas les terrains de chasses habituels d’Eric Zemmour, il a su rester solide face à un Jean-Luc Mélenchon qui espérait avoir une liberté de manoeuvre sur ces sujets. On note donc une nette amélioration d’Eric Zemmour, alors que Mélenchon s’est contenté de rester sur son dada habituel. 

Au-delà des chiffres et des détails, cette opposition ferme et sans concessions entre le mousquetaire de la droite et le troubadour du gauchisme a fait ressortir le fond de la pensée des deux candidats. 

D’une part, il y a l’urgence de sauver la France qui bascule lentement mais sûrement dans l’anarchie et qui perd son identité. De l’autre, il y a le devoir de sauver le monde en accueillant tout le monde au nom d’un idéal naïf de fraternité entre humains face à une apocalypse écologique plus qu’hypothétique. 

C’est le monde des bisounours contre le froid de la réalité : peut-être Jean-Luc Mélenchon devrait se rendre sur le banc des accusés du procès des attentats de 2015 pour voir si la « créolisation » qu’il prêche si joyeusement existe autre part que dans son imagination. 

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