Il est 4 h 30 du matin, à Vitry-sur-Seine. Une Toyota grille un feu rouge. Les policiers tentent de contrôler le conducteur ; il s’enfuit, abandonne son véhicule et disparaît dans la nuit. Sur la banquette arrière : une arme de guerre, un AK47 avec chargeur engagé.
Scène banale ? Voilà le problème : nous ne sommes même plus surpris.
Une image de guerre, au cœur de l’Île-de-France
L’AK47 n’est pas un simple « fusil ». C’est l’arme emblématique des conflits du Moyen-Orient, des guérillas africaines et des cartels. Qu’elle circule librement dans les rues d’une grande ville française devrait provoquer un électrochoc national. Mais ici, rien : un communiqué, une enquête « en cours » et un silence poli du parquet de Créteil.
La banalisation de l’inacceptable
Ce n’est pas la première fois. En octobre dernier déjà, un autre contrôle parti de Vitry avait permis de saisir un fusil d’assaut, trois chargeurs et vingt munitions. L’arsenal parfait pour un règlement de comptes ou un massacre. On nous parle de « présomption d’association de malfaiteurs », mais à force de jargon judiciaire, on finit par oublier l’essentiel : ces armes sont là, prêtes à l’emploi, à quelques minutes du centre de Paris.
La République à reculons
On nous répète que « la France est en paix ». Mais quel pays en paix voit des Kalachnikov voyager sur la banquette arrière d’une voiture ? Quel État digne de ce nom tolère que de telles armes circulent dans des zones où vivent des milliers de familles ? Et surtout : quelle crédibilité reste-t-il à l’autorité publique quand un suspect peut échapper, à pied, à des policiers déployés en pleine agglomération ?
Une impuissance devenue système
Les forces de l’ordre font ce qu’elles peuvent. Mais elles travaillent avec des moyens limités, des procédures qui étouffent l’action et une hiérarchie tétanisée à l’idée de nommer les choses. Résultat : l’arsenal illégal prospère, les réseaux s’arment, et la population s’habitue. On s’habitue à la violence, on s’habitue à la guerre larvée. Et c’est précisément ainsi que l’on perd un pays.