Pour qui est un petit peu attentif aux signaux faibles qui transitent sur les réseaux cryptés utilisés par le Gilets Jaunes, il n’est pas difficile de constater que l’expression « guerre civile » est en progression ces jours-ci. Qu’elle soit qualifiée ici de « mal pour un bien » ou là de « regrettable », chacun semble s’accorder à dire – y compris dans les salons feutrés parisiens – que puisque le mouvement Jaune ne semble pas vouloir s’éteindre, le bain de sang est inévitable.
Or, justement, il est évitable. Et il faut à tout prix l’éviter.
De guerre civile, de toute façon, il n’est point question ; le terme est usurpé. On ne voit pas ce qui pourrait amener de simples citoyens à se retourner contre d’autres simples citoyens. Surtout dans une configuration comme celle que nous connaissons actuellement, dans laquelle on nous indique qu’environ 70% des Français se sentent une affinité avec ceux qui portent le Gilet. Non, si sang versé il y avait, ce serait dans des affrontements de plus en plus violents entre manifestants et forces de l’ordre.
Nul n’est besoin d’être grand clerc pour constater que la tension est forte, qu’elle va même crescendo de week-end en week-end, et qu’on passe de plus en plus souvent tout près de catastrophes irréparables.
La responsabilité du pouvoir n’est pas se se protéger coûte que coûte. Sa responsabilité est de protéger les citoyens en assurant la paix civile. Si le pouvoir lui-même devient l’obstacle principal à la paix civile, il ne peut ni ne doit tenter de la faire revenir par l’action violente.
Le devoir est d’éviter le sang, car on ne construit rien de profond, stable ni juste sur le sang de ses propres citoyens.