On croyait Dominique de Villepin rangé dans les archives poussiéreuses de la Ve République, quelque part entre la dissolution ratée de Chirac et son envolée lyrique à l’ONU. Le voilà qui ressurgit, tel un vieux disque rayé, pour livrer une nouvelle leçon de gouvernance… en appelant Emmanuel Macron à nommer un Premier ministre de gauche.
L’ancien locataire de Matignon semble atteint d’une étrange nostalgie : celle d’une époque où les élites pensaient pouvoir gouverner la France uniquement par des combinaisons d’appareils, loin du peuple. Pour lui, « la stabilité » passe par Olivier Faure, Bernard Cazeneuve ou quelque autre apparatchik socialiste. On a connu des concepts plus audacieux.
Il faut dire que Villepin a toujours eu ce talent singulier : celui de disserter longuement, avec emphase, pour aboutir à des solutions qui sentent la naphtaline. Après avoir expliqué que Macron « brouillait les cartes » en nommant Michel Barnier, le voilà qui plaide pour… rebattre les cartes avec la gauche. L’art de l’oxymore érigé en méthode politique.
Ironie de l’histoire : celui qui dénonçait jadis les « errements » de Nicolas Sarkozy en appelle aujourd’hui à des bricolages institutionnels qui feraient passer la IVe République pour un modèle de stabilité. Et, cerise sur le gâteau, il agite le spectre d’une démission présidentielle, comme si la France avait besoin, en ce moment, d’un chaos supplémentaire.
Au fond, Villepin ne change pas. Fidèle à lui-même, il plane au-dessus du réel, persuadé d’incarner la « France humaniste » quand il ne représente plus que la France hors-sol. Une France de salons feutrés et de phrases interminables, où l’on croit encore qu’Olivier Faure est « la clé » de quoi que ce soit.
Il y a parfois des fantômes qui reviennent hanter la vie politique française. Celui-ci n’est pas le plus effrayant. Mais assurément l’un des plus inutiles.