Ils ont voulu un monde sans transcendance, un monde réduit à l’utile, au mesurable, au provisoire. Un monde où l’homme serait un simple rouage, interchangeable, recyclable, jetable. Mais au moment décisif, lorsque la nuit se referme, lorsque le souffle se fait court, lorsque la terre se rapproche, leurs certitudes de carton-pâte s’effondrent. À l’heure ultime, ce ne sont pas les manuels de morale civique qui tiennent la main de l’homme. C’est l’espérance.
La mort est le grand échec du laïcisme militant. Elle est son angle mort, son scandale, sa défaite intime. Car la mort pose une question que le logiciel laïcard ne sait pas traiter : « Et après ? » Face à cette interrogation verticale, la pensée horizontale s’aplatit. Elle bafouille. Elle se tait. Elle fuit.
On peut bien moquer les clochers, ricaner devant les processions, effacer les crucifix des murs : au cimetière, l’ironie ne sert à rien. Quand l’homme comprend qu’il ne se suffit plus à lui-même, quand il découvre que la science n’est pas un viatique et que le progrès n’est pas une promesse d’éternité, alors revient ce vieux réflexe que les idéologues détestent : lever les yeux.
Les laïcards ont cru que la foi n’était qu’un résidu folklorique, un vestige appelé à disparaître avec l’avancée des Lumières. Ils n’ont rien compris. La foi n’est pas une survivance, elle est une résistance. Elle renaît précisément là où le monde post-moderne échoue.
Car l’homme n’est pas fait pour le néant. Il peut vivre sans confort, parfois sans justice, souvent sans vérité officielle, mais jamais sans sens. Et la mort, implacable, rappelle cette vérité fondamentale : on ne meurt pas pour une idéologie administrative. On meurt pour ce qui nous dépasse.
Tant que des hommes tomberont sur les champs de bataille, tant que des mères pleureront leurs fils, tant que des prêtres accompagneront les agonisants, tant que des croix se dresseront sur les tombes, la victoire restera du côté de ceux qui savent que la vie ne s’arrête pas au bord du cercueil.
Les laïcards peuvent gagner des plateaux de télévision, des commissions parlementaires et des tribunes subventionnées. Ils peuvent régner sur les programmes scolaires et les discours officiels. Mais ils perdront toujours l’essentiel : le dernier mot. Car ce dernier mot n’est pas le leur. Il appartient à l’éternité.
Et tant que les hommes mourront, ils espéreront. Et tant qu’ils espéreront, les laïcards auront déjà perdu.