La déclaration du souverain pontife tourne depuis 48 heures en boucle sur tous les médias : « Le souverainisme est une attitude d’isolement. Je suis préoccupé parce qu’on entend des discours qui ressemblent à ceux d’Hitler en 1934. “Nous d’abord. Nous…nous” : ce sont des pensées qui font peur. »

Pour comprendre ce pape, si tant est que ce soit possible, il faut toujours tenir compte de sa double origine : d’abord, c’est un Américain, qui appréhende l’Europe par un prisme qui nous est totalement étranger, qui ne rentre pas dans notre mode de pensée. Pour lui, l’Europe est une grand-mère malade de ses guerres internes. L’Union européenne, dont la propagande continue de prétendre qu’elle « est la paix », a forcément un fort pouvoir de séduction envers cet homme obsédé par les guerres nationalistes d’antan. Ensuite, c’est un fils d’émigrés. Son père était un émigré italien, et sa mère était fille d’émigrés italiens. Il est le fruit d’une migration. Par conséquent, comment imaginer qu’il puisse être insensible au sort des migrants que l’on pousse sur les mers pour venir dans nos terres ?

Bien évidemment, la déclaration du Pape François – ou bien est-ce une déclaration de Jorge Maria Bergoglio ? – est idiote, un peu naïve, et entièrement infondée. Bien entendu, la fidélité filiale que l’on doit au Saint Père fera qu’on ne bondira pas sur nos ergots devant une phrase si injuste. Les arguments qu’on pourrait lui opposer sont si nombreux que ça en devient trop aisé, un peu ridicule : explique-t-on que l’eau, ça mouille ?

Chacun ses obsessions. J’ai les miennes, vous avez les vôtres, Sa Sainteté a les siennes. Bien fortuitement, plus aucun chef d’État ne se sent commandé par les imprécations des successeurs de Pierre. Alors pourquoi s’énerver ? Le Père Jorge a fait sa culture politique auprès d’une femme communiste qui lui expliquait les bases de la pensée politique. (Ce n’est pas une blague, c’est un aveu du Pape dans un livre). On ne peut donc lui en vouloir d’avoir quelques réponses qu’on dirait tout droit sorties d’un manuel du KGB en 1974. Il suffit juste de n’en rien faire.

Quel dommage quand même, car… quel mot doux que celui de Souveraineté !

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