Nos confrères du Figaro étaient présents lors du réquisitoire contre l’ancien président de la république.

Il est 16h45 quand le représentant du parquet national financier (PNF), à l’issue de près de 24 heures d’un réquisitoire à trois voix entamé mardi, réclame une peine jamais envisagée pour un ancien président de la République : 7 ans de prison ferme, 300.000 euros d’amende, 5 ans d’inéligibilité. Assis en face de lui, M. Sarkozy encaisse le coup. Quelques minutes plus tard, il quitte la salle d’audience en souriant, serrant quelques mains sur son passage, et disparaît dans les couloirs du tribunal de Paris. Sa voiture l’attend rue du Bastion.

Le Parquet national financier a eu la main lourde pour l’ensemble des prévenus qui, pour beaucoup, encouraient 10 ans de prison : 3 ans pour l’ancien ministre Brice Hortefeux comme pour Thierry Gaubert, 5 pour l’« agent de corruption » Alexandre Djouhri, 6 pour son alter ego en fuite Ziad Takieddine, autant pour l’ancien dignitaire libyen Béchir Saleh également en cavale. Pour Éric Woerth, la sentence maximale est requise (1 an pour financement illégal de la campagne de 2007). Les peines de privation de liberté sont assorties d’amendes qui vont jusqu’à 3 millions d’euros pour M. Takieddine, 4 millions pour M. Djouhri et 6 millions pour M. Saleh.

Le PNF justifie sa sévérité par la mise au jour, selon lui, d’un « tableau très sombre d’une partie de notre République ». Étrillant en priorité M. Sarkozy, le procureur stigmatise sa « quête effrénée de financement pour ses ambitions dévorantes ». Il dénonce un « pacte de corruption faustien avec l’un des dictateurs les plus infréquentables dont la folie meurtrière » avait causé la mort de centaines de personnes dont 54 Français dans l’attentat de 1989 contre un DC 10 de la compagnie UTA.

La réponse de Nicolas Sarkozy n’a pas tardé.

Le Parquet National Financier persiste depuis 13 ans à essayer par tous les moyens possibles de prouver ma culpabilité dans l’affaire du prétendu financement libyen. Aucun des faits mis à jour et soulignés par ma défense durant l’audience devant le Tribunal correctionnel ne pouvait ébranler ce postulat idéologique de base.

Après trois mois d’audience, il est acquis qu’il n’y a pas eu d’argent liquide utilisé dans ma campagne de 2007 (ou alors de façon minime et sans aucun lien avec la Libye) ; il est enfin reconnu que la note Médiapart n’était pas crédible et ne pouvait donc être utilisée ; que les preuves annoncées par le clan de Kadhafi ne sont toujours pas arrivées et pour cause; que les soi-disant contreparties diplomatiques, économiques, juridiques se sont évaporées. Peu importe, de nouvelles constructions intellectuelles sont imaginées par l’accusation. Elles ne sont pas davantage crédibles que les précédentes. On est bien loin de la présomption d’innocence, de la nécessité de la preuve, du doute qui doit bénéficier au prévenu. Principes fondamentaux du droit pénal qui se trouvent bafoués depuis 13 années. Au final, il demeure la fausseté et la violence des accusations et l’outrance de la peine réclamée qui ne visent qu’à masquer la faiblesse des charges alléguées.

Je continuerai donc à me battre pied à pied pour la vérité, et à croire dans la sagesse du tribunal.

Je veux enfin dire avec force que celui qui est victime de l’injustice est moins à plaindre que celui qui la commet. Le premier défend la vérité. Le second la bafoue. Devant le tribunal de l’Histoire, la place réservée à ce dernier n’est pas la plus enviable. Je la laisse à mes accusateurs.