C’est un Michael O’Leary fidèle à sa réputation que l’on retrouve dans les colonnes du Parisien. Le patron de Ryanair, première compagnie aérienne européenne, ne mâche pas ses mots : selon lui, la France accumule les erreurs fiscales et réglementaires au point de scier la branche sur laquelle elle est assise.
Une taxe triplée, des lignes fermées
La décision de fermer Bergerac, Brive et Strasbourg tient en un chiffre : la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) a bondi de 2,63 € à 7,40 € par passager. « 180 % de hausse ! », s’étrangle O’Leary, qui dénonce une mesure « totalement injustifiée » dans un secteur « qui ne rapporte pas beaucoup d’argent ». Résultat : trois aéroports, déjà fragiles, perdent leur desserte Ryanair dès cet hiver, avec à la clé la disparition de liaisons vers le Maroc, le Portugal ou l’Écosse.
Quand d’autres baissent leurs taxes
Le PDG irlandais souligne, toujours selon le Parisien, que l’Italie a abaissé ou supprimé sa taxe aérienne dans six régions, pendant que la Suède et la Hongrie ont tout bonnement supprimé leur taxe environnementale. « Nous irons là où c’est moins cher », prévient-il, laissant entendre que la France pourrait perdre davantage de capacités si elle persiste à taxer « au lieu de faire entrer les touristes dans le pays ».
Des grèves « récréatives » et un contrôle aérien inefficace
L’entretien avec Le Parisien n’a pas épargné les contrôleurs aériens français, qualifiés par O’Leary de « moins efficaces d’Europe » et adeptes de grèves « récréatives » pour se créer de longs week-ends. Résultat : annulations en cascade, notamment sur les vols internationaux qui survolent la France, avec un coût considérable pour les compagnies… mais aucune sanction pour les responsables.
Une croissance européenne sans la France
O’Leary le dit clairement : Ryanair passera de 200 à 300 millions de passagers transportés d’ici dix ans, grâce à une commande de 330 nouveaux Boeing. Mais la France, selon ses propres mots, « ne bénéficiera pas de cette croissance » à cause de sa fiscalité punitive. Les investissements iront ailleurs, là où les gouvernements comprennent que taxer à outrance, c’est tuer le trafic.
Un message sans filtre
Avec son style provocateur et sa franchise désarmante, Michael O’Leary livre, via Le Parisien, un constat que bien des acteurs économiques partagent à voix basse : la France reste un marché important, mais la politique fiscale actuelle transforme cet atout en handicap. Et l’on pourra difficilement prétendre ne pas avoir été prévenu.