La fronde contre la réforme des retraites a été lancée en fin de semaine dernière par la RATP. Mais aujourd’hui lundi 16 septembre, c’est au tour des professions qui n’ont pas l’habitude de manifester de battre le pavé. Avocats, médecins et paramédicaux, pilotes, hôtesses et stewards… descendent dans la rue pour défendre leurs « régimes autonomes » de retraite contre le « système universel » préparé par l’exécutif.

« Pour la première fois dans l’histoire sociale de ce pays, des avocats, des professionnels du soin et des salariés du transport aérien réunis en collectif défileront ensemble pour dénoncer le projet de captation sans sommation de leurs régimes autonomes de retraite », a souligné dans le Journal du dimanche le collectif SOS Retraites, créé par ces professions pour défendre la spécificité de leurs régimes.

En pointe de la mobilisation, le Conseil national des barreaux (CNB) appelle à un rassemblement à 13 heures et s’attend à une « mobilisation extrêmement forte » des avocats contre la réforme voulue par le président de la République. Cette manifestation est synchronisée avec une grève des audiences pour la quasi-totalité des 164 barreaux français « mobilisés » selon la Conférence des bâtonniers.

Partout ou presque, les avocats ont décidé de ne plaider aucune affaire et de demander le renvoi des procès. Il n’y aura pas non plus de commis d’office, de consultations gratuites ou de permanences pénales. Seule exception, le contentieux de la liberté (garde à vue, détention provisoire…) restera assuré. « Des trains entiers d’avocats monteront vers Paris », selon la présidente du CNB, Christiane Féral-Schuhl.

A Paris, où exerce près de la moitié des 70.000 avocats français, la bâtonnière Marie-Aimée Peyron fait état d’une « mobilisation sans précédent », car « c’est l’avenir de la profession qui est en jeu ». Le « système universel », promis par le chef de l’Etat, doit en effet se traduire par une forte hausse des cotisations « que bon nombre d’entre nous ne pourrons pas supporter », affirme-t-elle. Cette réforme doit aussi entraîner la disparition de la caisse nationale des barreaux (CNBF) et ses 2 milliards d’euros de réserves financières dont Mme Féral-Schuhl craint la « spoliation ».

Ces craintes sont partagées par les autres membres du collectif SOS Retraites: syndicats de pilotes de ligne, hôtesses et stewards ainsi que plusieurs organisations de médecins, infirmières et kinés libéraux, qui ne veulent pas « faire les frais du dogmatisme consistant à fusionner tous les régimes dans un seul régime universel ». « Nos professions n’y résisteront pas », préviennent-ils.

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a appelé dimanche « à généraliser les grèves ». « Ce qu’ont fait les salariés de la RATP, c’est un bon signe qu’il faut généraliser », a-t-il estimé.

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