C’est un séisme silencieux qui s’est produit au Palais Bourbon. En élisant Hélène Laporte et Sébastien Chenu vice-présidents de l’Assemblée nationale, les députés ont enterré, de fait, le fameux « front républicain ». Cette barrière artificielle, brandie depuis quarante ans contre le Rassemblement national, n’a pas résisté au poids du réel : un parti qui rassemble plus d’un tiers des Français ne peut plus être traité comme un pestiféré.
Bien sûr, à gauche, on hurle à la trahison. Cyrielle Chatelain dénonce « l’insupportable », les socialistes parlent d’« incohérence », les écologistes s’étranglent de rage. Mais la vérité est crue : ce n’est pas la démocratie qui vacille, c’est le monopole moral de la gauche qui s’effondre.
Car enfin, comment justifier que des élus RN, présents en nombre massif dans l’Hémicycle, soient exclus des postes à responsabilité ? Comment expliquer aux électeurs qu’un député du RN vaudrait moins qu’un autre député ? Ce discours, martelé depuis des décennies, ne convainc plus personne. Les Français l’ont vu : quand la gauche doit ses propres postes à des voix RN, comme l’an dernier, elle ne s’indigne pas. Mais lorsque le RN obtient à son tour ce qui lui revient, on crie au scandale. Hypocrisie totale.
Le retour du RN dans les hautes instances de l’Assemblée est donc plus qu’un symbole : c’est l’aveu que le système n’arrive plus à contenir la progression d’un parti devenu incontournable. Le « cordon sanitaire » a explosé, et avec lui la fiction commode qui permettait à la gauche et au macronisme de s’arroger une supériorité morale.
Les électeurs, eux, voient clair. Ils savent que si le RN est aujourd’hui vice-président de l’Assemblée, il peut demain gouverner. La légitimité institutionnelle prépare la légitimité présidentielle. En 2027, il ne sera plus possible de faire croire qu’un tiers de la France est composé de citoyens de seconde zone.
Le front républicain est mort. Place désormais au vrai débat politique, sans artifices, sans barrières truquées. Et dans ce débat, c’est bien le RN qui part favori.