Une vidéo postée sur TikTok a déclenché une nouvelle polémique autour du respect de la laïcité dans les transports franciliens. On y voit – ou plutôt on y entend – un chauffeur de bus de Mantes-la-Ville (Yvelines) dont le téléphone diffuse des chants musulmans audibles par les passagers.
L’affaire aurait pu passer inaperçue si elle n’avait pas été massivement relayée sur les réseaux sociaux. Face à la polémique, la filiale RATP Cap Île-de-France a ouvert une enquête interne. Le conducteur, identifié, nie toute intention de diffuser des versets religieux dans l’espace public. Sa version : il se trouvait en pause à l’extérieur du bus, son téléphone était resté allumé dans la cabine, et la sonnerie correspondait à ces chants.
Version que d’aucuns jugeront pour le moins accommodante, tant il est difficile d’ignorer que la neutralité religieuse dans les transports est une règle intangible… du moins sur le papier. Car si l’« espace public demeure neutre et respectueux de tous » comme le rappelle le maire de Mantes-la-Ville, cette neutralité se fissure régulièrement au fil d’incidents qui, mis bout à bout, interrogent sur l’état réel de la laïcité dans les services publics.
Fait révélateur : le chauffeur ne sera pas suspendu, mais simplement convoqué pour un entretien disciplinaire. Motif officiel : absence dans la cabine alors que des passagers se trouvaient à bord, et téléphone personnel resté allumé – ce qui est interdit – ayant diffusé un contenu religieux dans un cadre où cela n’a pas lieu d’être.
On connaît la suite : récupération politique, appels au « vivre-ensemble » et condamnations de toute « stigmatisation ». Pourtant, la vraie question demeure : jusqu’où tolérera-t-on des entorses à la neutralité religieuse dans les services publics, même sous couvert d’accidents ou de maladresses ?
En attendant, les usagers qui montent dans un bus en Île-de-France ne savent plus toujours s’ils sont dans un espace régi par la laïcité républicaine… ou par la playlist privée du chauffeur.