Rapport explosif sur le narcotrafic : la France face à la pieuvre de la drogue

Photo : Colin Davis

Sept milliards d’euros de chiffre d’affaires. Deux mille sept cent vingt-neuf points de deal recensés. Des cartels français connectés directement aux mafias sud-américaines. Et une violence qui ne cesse de monter. Voilà, en substance, ce que révèle le dernier rapport confidentiel de l’Office anti-stupéfiants (Ofast), consulté par nos confrères de Valeurs Actuelles.

Mais le plus glaçant, c’est peut-être ceci : la France ne fait plus face à quelques bandes désorganisées de cités, mais à une structure criminelle pyramidale, quasi-corporatiste, qui repose sur des milliers d’individus, allant des petits mains de quartier aux milliardaires planqués à Dubaï. Et au sommet, une nouvelle entité fait frémir les services de renseignement : la DZ Mafia, née dans les quartiers de Marseille, aux méthodes de plus en plus proches des mafias mexicaines ou albanaises.


Du shit des cités au cartel à la française

Dans les années 80, les trafics de cannabis explosaient dans les quartiers sensibles, avec une population d’origine maghrébine jouant un rôle clé dans l’importation et la distribution de la résine marocaine. Trente ans plus tard, certains de ces trafiquants sont devenus des multinationales du crime. Grâce à des liens directs avec les cartels sud-américains, ils importent désormais des tonnes de cocaïne, organisent la logistique internationale, et ont abandonné le contrôle des quartiers au profit d’un modèle plus discret, plus lucratif, plus déterritorialisé.

Ils ne sont qu’une poignée – moins de 100 grands importateurs – mais représentent une menace nationale, selon l’Ofast, toujours cité par Valeurs Actuelles. Leur blanchiment d’argent passe par des circuits offshore, l’immobilier au Maghreb, ou les clubs huppés de Marbella et Dubaï. Ils parlent plusieurs langues, échappent à l’extradition grâce à leur double nationalité, et considèrent les saisies comme de simples « pertes d’exploitation ».

Une mafia made in France ?

Au sommet de cette pyramide inquiétante, moins de dix organisations se partagent le marché français de la cocaïne. Le rapport évoque même une forme de cartel à la française, où les pontes se retrouvent dans les palaces des Émirats pour conclure des accords. Leur modèle ? Celui des mafias transnationales : déterritorialisation, rationalisation, corruption. La République est prise en étau par un capitalisme mafieux à visage multiculturel, issu de décennies de laxisme et d’aveuglement.

Et voici que surgit la DZ Mafia, nouvelle génération de narcotrafiquants marseillais. Sans hiérarchie fixe, mais avec une volonté d’expansion agressive, une communication outrancière sur les réseaux sociaux, des menaces envers les institutions, et des assassinats pour contrôler les territoires. Leur structure souple en fait un prestataire redoutable : ils fournissent « des services » à d’autres groupes criminels… avant de leur présenter l’addition. Comme dans les pires cartels d’Amérique latine.

Les semi-grossistes : l’économie parallèle sous stéroïdes

Juste en dessous, le « milieu du spectre », ce sont plusieurs milliers de semi-grossistes. Ils organisent les filières de distribution, les réseaux de revente, les livraisons à domicile – le fameux « UberShit ». Leurs groupes sont structurés comme des PME : spécialisation par fonctions, externalisation, sécurisation, sous-traitance. Les communications cryptées sont gérées depuis les prisons ; les revenus sont blanchis en France ou à l’étranger ; les profits sont réinvestis dans l’immobilier ou les véhicules de luxe.

La corruption est endémique : agents publics, transporteurs, vigiles, voire agents de mairie. Le tout alimenté par une main-d’œuvre venue de partout, souvent précaire, parfois mineure, féminine ou âgée, pour éviter les contrôles.

Le bas du spectre : la gangrène quotidienne

Enfin, le rapport dresse un constat accablant sur le bas de l’échelle : les « petites mains », les guetteurs, les revendeurs de quartier, les livreurs à trottinette. Si leur chiffre d’affaires est moindre, ils assurent l’ancrage territorial. Malgré la baisse du nombre de points de deal (2 729 recensés en 2025 contre 4 034 en 2020), leur résilience est remarquable. La livraison remplace les halls d’immeuble, les points de deal mobiles fleurissent, les trafiquants investissent les milieux festifs.

Même les campagnes ne sont pas épargnées. Il n’existe plus de zone blanche sur le territoire national, souligne le rapport. Et dans les quartiers, les points de vente restent le cœur battant de l’économie souterraine, même lorsqu’ils changent de forme ou d’adresse.

La République impuissante ?

Le rapport de l’Ofast, d’une clarté implacable, pose une question vertigineuse : la France a-t-elle encore les moyens de reprendre le contrôle ? Quand 200.000 personnes vivent directement du trafic, quand les mafias opèrent depuis l’étranger, quand la cocaïne est devenue un produit de consommation banalisé, la réponse policière ne suffit plus.

Il faudra un jour regarder en face ce que cette situation révèle : un État affaibli, une justice débordée, une école qui n’intègre plus, et une immigration devenue matrice de mafias transnationales. Faudra-t-il attendre un nouveau Bataclan version narco, pour que la classe politique ose enfin dire les mots et agir ?

Pendant ce temps, la DZ Mafia prospère. Et la République recule.

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