L’incident est rarissime dans le monde feutré et rigoureux du contrôle aérien. Lundi matin, un contrôleur du Centre en route de la navigation aérienne (CRNA) Nord, à Athis-Mons, a glissé un message politique dans ses échanges radio avec l’équipage d’un vol El Al, compagnie nationale israélienne : « Free Palestine ». Deux mots qui lui valent d’être suspendu « jusqu’à nouvel ordre ».
Le ministre des Transports, Philippe Tabarot, n’a pas traîné : en se fondant sur les enregistrements, il a confirmé la réalité des propos et annoncé l’ouverture d’une procédure disciplinaire. Motif officiel : « non-respect du devoir de réserve » et infraction aux règles de radiocommunication, qui doivent rester strictement cantonnées à la sécurité aérienne.
L’affaire a immédiatement franchi le seuil politique. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a dénoncé un « incident inacceptable », pointant à la fois une entorse à la neutralité politique et un risque pour les protocoles de sécurité en phase de décollage.
Derrière cet épisode se joue un autre débat : jusqu’où le devoir de réserve des agents publics s’étend-il, et à partir de quel moment un message politique devient-il une faute lourde ? Le contexte international, lui, est brûlant. Dans le ciel comme sur terre, la guerre des mots n’épargne plus personne. À Roissy, elle vient de clouer au sol la carrière – au moins provisoirement – d’un contrôleur aérien.