Didier Lemaire est professeur de philosophie à Trappes depuis près de 20 ans, durant lesquels il a enseigné avec passion, malgré les difficultés. Peu à peu, il a vu cette ville de la banlieue parisienne s’enfermer dans le communautarisme musulman. 

Il y a trois ans, avec Jean-Pierre Obin (auteur de l’ouvrage Comment on a laissé l’islamisme pénétrer l’école), il a écrit une lettre au président de la République pour exhorter le gouvernement à agir pour protéger la jeunesse de l’influence des intégristes. Puis, il a publié en novembre 2020 une lettre ouverte après la décapitation de Samuel Paty pour dénoncer le manque de stratégie de l’État face à l’islam politique.

Or, aujourd’hui, Didier Lemaire est contraint de rendre son tablier. Obligé de se rendre à son travail sous escorte policière armée, l’enseignant attend maintenant d’être exfiltré de cet établissement et de cette ville où il est en danger de mort.

« Je suis sous escorte depuis le mois de novembre, confie Didier Lemaire à nos confrères du Point. Chaque fois que je monte en voiture, je vérifie que mes portières sont bien fermées, que je ne suis pas suivi. » Pourtant, l’enseignant refuse de se taire et dénonce les tentatives d’intimidation de certains habitants de la ville, mais aussi l’intervention du maire lui-même, Ali Rabeh, dont l’élection vient d’être annulée par la justice et qui a été condamné à un an d’inéligibilité.

« Le maire colporte dans la ville des accusations mensongères et haineuses qui me désignent en tant que cible potentielle, s’insurge le professeur. Il m’a traité d’islamophobe et de raciste. Il a le droit de le penser. Mais cette pensée est une arme de guerre idéologique et c’est de la calomnie. C’est surtout un procédé dégueulasse, après ce qui est arrivé à Samuel Paty. Il me jette en pâture et me met en danger. C’est absolument irresponsable de la part d’un élu de la République. Je demande aux partis, communiste, Génération.s, La République en marche et Europe Écologie-Les Verts, de désavouer ses propos. »

« Il y a 20 ans, explique Didier Lemaire au Point, tout a commencé pour moi avec l’incendie de la synagogue en octobre 2000. Après ça, il n’y a plus eu de juifs à Trappes. Et finalement, plus d’inscriptions antisémites sur les murs de la ville. Maintenant, ce sont les athées et les musulmans modérés qui partent. Les intégristes sont en train de réussir leur processus de purification. C’est effrayant ! Tout s’accélère, en deux ans, j’ai vu plus de transformation chez les jeunes et dans l’espace public que ces dix-huit dernières années. Aujourd’hui, les atteintes à la laïcité sont collectives et très bien organisées. »

« Je considère que Trappes est une ville définitivement perdue. » Didier Lemaire défend l’idée d’une réponse politique forte mais surtout urgente.

« On n’a plus beaucoup de temps avant que cela ne dégénère, s’alarme-t-il. Nombre de ces enfants sont élevés dans la haine de la France. Nous ne sommes pas loin d’un scénario à l’algérienne et nous ne sommes plus dans un état de paix. Il nous faut des lois d’exception qui visent l’ennemi et ne s’appliquent qu’à l’ennemi. »

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