Pour pouvoir se présenter aux élections présidentielles, chaque candidat doit récolter 500 parrainages d’élus. Cette règle est ancienne et bien fondée : elle devait empêcher d’avoir un nombre excessif de candidats et d’éviter l’apparition de candidatures fantaisistes. Mise en place en 1962 avec 100 parrainages requis, le nombre est porté à 500 en 1976. 

Très vite, ce système devient vicieux. Progressivement, l’obtention des parrainages ne traduit plus l’adhésion populaire au candidat, mais sa capacité à mettre en place un système de récolte de signatures. En 2017, la barrière des 500 parrainages n’a pas empêché les candidatures loufoques de Jacques Cheminade ou encore Jean Lassalle, qui, bien que fort sympathiques, ne sont pas des candidats revendiqués par un nombre significatif d’électeurs. 

Le système est encore davantage perverti par François Hollande : à partir de 2017, les parrainages doivent dorénavant être publics. En supprimant l’anonymat des parrainages, Hollande a volontairement ôté l’indépendance des élus en les exposant à des pressions importantes. 

Ces pressions sont multiples : elles viennent tout d’abord de l’électorat des élus en question. En choisissant de parrainer un candidat moins consensuel, les élus s’exposent à la vindicte populaire et risquent leur mandat. Ensuite, les médias exacerbent ces pressions en dévoilant et diffusant les choix de parrainage dans l’espace public. Enfin, ces pressions sont politiques. La plupart des parrains sont des maires de petites villes et communes, qui appartiennent souvent à des collectivités de couleurs politiques différent. En affichant leur soutien à un candidat qui serait d’une couleur politique différente, les élus risquent de perdre des financements essentiels.

En rendant les parrainages publics, François Hollande exclut du jeu politique des candidats populaires mais hors-système. Eric Zemmour, Marine le Pen et Jean-Luc Mélenchon peinent à récolter les 500 signatures nécessaires et demandent la restauration de l’anonymat des parrainages, ou alors la mise en place d’un parrainage populaire directement auprès des citoyens. 

Cette réforme du système des parrainages est un déni de démocratie, que certains élus socialistes assument pleinement. Anne Hidalgo affirmait avec cynisme que si Marine le Pen et Eric Zemmour n’arrivaient pas à récolter les 500 parrainages, c’est parce qu’ils « ne méritent pas de se présenter ». 

Pour rappel, Anne Hidalgo est créditée par les sondages de 3% des intentions de votes, alors que Marine le Pen et Eric Zemmour sont ensemble à près de 30%. 

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