Il a fallu des morts, des émeutes, et un ministre désavoué pour que le président de la République daigne sortir de son silence. Ce mercredi 2 juillet, Emmanuel Macron réunit enfin, à l’Élysée, indépendantistes, loyalistes et acteurs économiques de Nouvelle-Calédonie, plus d’un an après le chaos qui a mis l’archipel à feu et à sang. Objectif : sauver ce qui peut encore l’être d’un processus de décolonisation devenu incontrôlable.
Il faut dire que son envoyé spécial, Manuel Valls, a échoué sur toute la ligne. Parti négocier à Bourail comme on va signer une reddition, il est revenu les mains vides et le drapeau tricolore piétiné. Ses propositions ? Une double nationalité, un siège à l’ONU, le transfert des compétences régaliennes au territoire — bref, une indépendance de fait sans le nom. La droite loyaliste hurle à la trahison, et elle a raison. Sonia Backès parle d’un abandon de la République. Elle n’exagère pas.
Pendant ce temps, les indépendantistes se frottent les mains. Ils prennent les concessions de Valls comme base minimale de discussion. En bon marxistes, ils appliquent la tactique du salami : une tranche à la fois. Et Paris, comme toujours, recule.
Macron essaie de recoller les morceaux, mais la fracture est profonde. Trois référendums ont rejeté l’indépendance, mais le FLNKS n’en a reconnu que deux. Et au lieu d’en tirer les conséquences — à savoir que la Nouvelle-Calédonie est et doit rester française —, le gouvernement cherche le compromis impossible. On veut satisfaire ceux qui contestent notre souveraineté, au détriment de ceux qui y sont attachés.
Le plus inquiétant est que le pouvoir semble prêt à sacrifier le suffrage universel sur l’autel de la paix civile. La question du corps électoral reste explosive. On refuse d’ouvrir le vote aux citoyens français présents sur place depuis dix ans… pour ne pas « froisser » les revendications identitaires kanakes. Un comble ! Dans cette logique, on finirait par accepter qu’un Français de métropole n’ait pas les mêmes droits selon son lieu de résidence.
Tout cela dans un contexte de pression économique extrême. Le nickel est en crise, la violence est endémique, et la confiance est brisée. L’État s’apprête à verser un milliard d’euros à la Nouvelle-Calédonie, comme un père las d’acheter la paix de ses enfants ingrats.
Mais une question demeure : la France veut-elle encore être la France, jusqu’à Nouméa ?
Si Emmanuel Macron veut reprendre la main, qu’il commence par affirmer une ligne claire : non, la Nouvelle-Calédonie ne sera pas indépendante. Jamais. Trois référendums l’ont dit. La République est une, indivisible, et ne se négocie pas.
Tout le reste — compromis, périodes de transition, statuts bâtards — n’est que poudre aux yeux.