Jean-Pierre Chevènement a accordé une longue interview à nos confrères du Point. Extraits.

Je suis pour la souveraineté nationale, intitulé du titre premier de la Constitution de 1958, parce qu’elle est la condition de la République. Je considère que les étrangers venus sur notre sol ont vocation à s’intégrer à la République. Ils ne doivent pas être rejetés a priori ; en même temps, la politique d’immigration dépend de la capacité d’intégration du pays d’accueil. Il faut tenir les deux bouts de la chaîne.

Nous sommes dans une société gravement fracturée, et de plus en plus violente. Cette France éclatée est menacée par la montée des communautarismes. Je m’inquiète pour la République, elle ne tient que par la force des idéaux de citoyenneté et de laïcité. Je déplore l’évanescence du patriotisme français sans lequel il ne peut y avoir de civisme ni de sens de l’État.

L’expression « sauvageon » (en vieux français un arbre non greffé) pointait un défaut d’éducation. L’explosion de violences dans la société française dont parle monsieur Darmanin résulte de sa fracturation, d’autres diraient de son « archipélisation ». Y porter remède ne peut être de la seule responsabilité du ministre de l’Intérieur.

L’histoire doit être écrite par les historiens. Déboulonner les statues de Jacques Cœur ou de Colbert est une atteinte grave à l’identité de la France. Jean-Marc Ayrault a découvert que Colbert n’était pas un personnage républicain, ni un grand parlementaire, alors qu’il a présidé le groupe socialiste à l’Assemblée pendant des années salle Colbert. Pendant tout ce temps-là, il n’a jamais demandé que l’on débaptise cette salle. Avant la République, la France s’est construite avec des hommes d’État comme Colbert qui a créé la Compagnie des Indes, fondé la manufacture des Gobelins, contribué à l’industrialisation de la France.

Contrairement à la lutte des classes qui a nourri le réformisme social, la lutte des races n’offre aucune perspective de progrès. Il ne faut pas céder à l’intimidation des partis décoloniaux, des réunions de « racisés » et autres manifestations de déconstruction du modèle républicain.

On a déjà fermé deux réacteurs nucléaires, à Fessenheim, ce qui va coûter 1 milliard de dédommagements à EDF et 5 % de notre potentiel électrique ! Un pays se suicide-t-il avec plus de méthode ?

Il serait temps de revenir aux idéaux des Lumières et ne pas céder aux tendances anti-sciences du courant soi-disant écologiste. Il faut éviter une écologie réglementaire, paperassière, contraignante, punitive, qui rendra la vie très difficile aux agriculteurs, sans parler des chasseurs ou des pêcheurs, qui ont quand même le droit d’exister. Les électeurs des métropoles ne sont pas tout l’électorat.

Pourquoi a-t-il fallu qu’en 1985 je rétablisse, en tant que ministre de l’Éducation, l’apprentissage de la Marseillaise sous les quolibets d’une partie de la gauche ? Nous sommes un pays pluriethnique, pluriconfessionnel, mais pas pluriculturel : il y a une culture française.

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