On croyait avoir tout vu, mais non : cet été, en France, ce n’est pas un mollah de Téhéran ni un censeur de Koweït City qui décide du programme culturel… mais un « petit groupe de quartier » en Seine-Saint-Denis. Résultat : la projection en plein air du film Barbie a été purement et simplement annulée par le maire communiste de Noisy-le-Sec, Olivier Sarrabeyrouse, après menaces et pressions.
Officiellement, il s’agissait d’éviter que le matériel de projection ne soit vandalisé. En réalité, la municipalité s’est couchée devant quelques excités qui n’avaient pas supporté qu’un film ose parler sexualité, homosexualité et droits des femmes. Barbie, symbole rose bonbon d’une Amérique kitsch, est donc devenue persona non grata dans un coin de banlieue parisienne — au nom d’une « moralité » inspirée d’une lecture étriquée du Coran.
Le scénario devient familier : Saint-Ouen avait interdit un film sur Charlie Hebdo, les Francofolies ont renoncé à accueillir Amir… Et à chaque fois, c’est la même mécanique : un noyau d’agitateurs impose ses tabous, une municipalité de gauche recule, et la République avale une nouvelle couleuvre au nom de la « paix sociale ».
Ce n’est pas seulement Barbie qu’on assassine en plein air, c’est la liberté culturelle. Laisser une poignée d’individus décider ce que les Français peuvent voir dans l’espace public, c’est ouvrir la porte à une censure rampante. Aujourd’hui, une projection annulée ; demain, une pièce de théâtre déprogrammée ; après-demain, un livre interdit.
Que les parents choisissent ce que leurs enfants regardent à la maison, soit. Mais qu’un quartier impose ses dogmes à toute une ville, c’est un autre monde. Et dans ce monde-là, la laïcité devient une variable d’ajustement, les élus tremblent à l’idée d’un incident, et la France finit par se ranger aux côtés de l’Algérie ou du Koweït dans le cercle des censeurs de Barbie.
On nous dit que le maire a agi « pour éviter des débordements ». C’est précisément cette logique — céder plutôt qu’affronter — qui transforme peu à peu des zones entières du territoire en enclaves où les lois implicites d’une minorité s’imposent à tous. Ce n’est pas de la prudence, c’est de la soumission.
Si regarder Barbie est devenu un acte de résistance face à l’islamisme, alors il va falloir s’habituer à voir dans la chevelure blonde de la poupée le dernier rempart… avant le noir complet.