Il y a des coïncidences qui n’en sont pas. En condamnant Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison dans l’affaire du financement libyen, Nathalie Gavarino n’a pas seulement présidé un procès. Elle a signé la condamnation d’un ancien président de la République qui, il y a treize ans, avait osé mettre en cause… la magistrature.
Car qui est Nathalie Gavarino ? Une simple magistrate « modérée et compétente », comme le jurent ses confrères ? Ou une figure discrète d’une profession dont l’hostilité à Sarkozy ne date pas d’hier ?
En 2011, souvenons-nous, l’affaire Laëtitia Perrais secoue la France. Sarkozy dénonce alors « les dysfonctionnements graves » de la justice après qu’un multirécidiviste, Tony Meilhon, a tué cette jeune femme que le système judiciaire n’avait pas su protéger. Tollé immédiat. Les magistrats descendent dans la rue pour défendre leur corporation. Et parmi eux, Nathalie Gavarino, alors représentante de l’Union syndicale des magistrats (USM), syndicat majoritaire mais notoirement hostile au président de l’époque.
Ce même syndicat qui, à la veille de la présidentielle de 2012, publiait un réquisitoire contre Sarkozy, qualifiant son quinquennat d’« heures sombres » pour la justice. Voilà le décor.
Dix ans plus tard, par un hasard que seuls les naïfs qualifieront d’innocent, Nathalie Gavarino préside le tribunal qui juge… François Fillon, puis Nicolas Sarkozy. Deux figures de la droite. Deux condamnations retentissantes. Faut-il vraiment croire qu’il ne s’agit que d’une suite d’« attributions ordinaires » ?
Les défenseurs de la magistrate brandissent sa carrière « mesurée », son professionnalisme, sa compétence. Mais à force de présenter les juges comme neutres et hors-sol, on oublie que la magistrature française est traversée par des lignes idéologiques profondes. L’USM se dit « apolitique » ? Peut-être. Mais son action contre Sarkozy reste gravée dans les mémoires.
Sarkozy le dit lui-même : « La haine n’a décidément aucune limite. » Il exagère ? Peut-être. Mais qui peut croire qu’un juge ayant défilé contre lui, ayant défendu un syndicat qui l’a combattu, peut aujourd’hui incarner la neutralité absolue ?
À l’heure où l’opinion se détourne d’une justice de plus en plus soupçonnée de partialité, ce procès Sarkozy ressemble moins à une décision de droit qu’à une revanche de corps. Une revanche longuement mûrie par une profession blessée.
On condamne Sarkozy, mais c’est l’image de la justice qui sort humiliée.