Moins de dons, plus de contrôle : le plan à peine déguisé du gouvernement contre les associations

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Derrière l’obsession comptable affichée de Bercy, c’est un projet autrement plus inquiétant qui se dessine : le recentrage autoritaire du tissu associatif français autour des dogmes gouvernementaux. Le rapport remis en mai à l’exécutif propose de raboter les réductions fiscales accordées aux dons, avec pour justification les économies budgétaires. Mais l’idée sous-jacente, elle, est beaucoup plus perverse : en étranglant la générosité populaire, on pousse les associations à tendre la main à l’État… lequel ne financera que celles qui obéissent.

Quand l’État tue la générosité pour mieux la remplacer par la dépendance

Aujourd’hui, plus de 5 millions de foyers fiscaux soutiennent les associations grâce à des dons déductibles à 66 %, voire à 75 % dans certains cas (les fameux « dons Coluche »). Mais ce dispositif coûte, dit-on à Bercy, près de 4 milliards d’euros par an à l’État. Et voilà qu’on nous annonce froidement que ce serait trop. Solution préconisée : plafonner les réductions d’impôt, réduire les taux avantageux, couper dans les niches.


En apparence, on cible les plus aisés. En réalité, ce sont toutes les associations – et donc toute la société civile – qui sont visées. Car si le don rapporte moins, beaucoup donneront moins. Et les associations, elles, devront bien survivre… Comment ? En se tournant vers l’argent public, distribué au bon vouloir des ministères et des préfets. Autrement dit : en se pliant à la ligne du parti. Ou plutôt des partis.

Vers une société sous perfusion idéologique

Car l’histoire récente nous a montré une chose : les subventions de l’État ne vont jamais aux associations qui dérangent. Qu’on pense aux structures indépendantes, conservatrices, chrétiennes, rurales ou simplement non alignées : elles sont les grandes oubliées des appels à projets. En revanche, les associations clientélistes, communautaristes ou « inclusives » ont souvent pignon sur rue et finances garanties.

Raboter la déduction fiscale, ce n’est pas seulement économiser quelques centaines de millions : c’est restreindre la capacité des Français à choisir les causes qu’ils veulent soutenir. C’est affaiblir la liberté d’association, pilier de toute démocratie. C’est soumettre le monde associatif aux logiques du pouvoir, en le rendant structurellement dépendant.

Et après ? Le « Label Républicain » pour les associations ?

Il ne faut pas être grand clerc pour voir venir la prochaine étape : demain, seules les associations labellisées « républicaines » (traduisez : dociles) auront droit à des subventions. Les autres ? Qu’elles crèvent. Et ce n’est pas une crainte abstraite : souvenons-nous des propos récents du ministre de l’Intérieur évoquant la nécessité de « mieux contrôler » le monde associatif, ou de la dissolution brutale de certaines structures trop « polémiques ».

L’État veut reprendre la main. Non pas par le haut, en stimulant la vitalité de la société, mais par le bas, en coupant les vivres à tout ce qui ne sert pas ses objectifs. Moins de dons privés, plus de dépendance publique. Moins de liberté, plus de conformité.

Un peuple libre donne. Un peuple asservi attend la subvention

Le mécanisme des réductions fiscales n’est pas une « niche », c’est un outil de liberté. C’est le droit, pour chacun, de consacrer une part de ses revenus à ce qui lui semble juste, beau, urgent, humain. Raboter cela, ce n’est pas seulement faire les poches des contribuables : c’est faire taire les voix qui, dans les marges, refusent le conformisme ambiant.

Bercy joue avec le feu. Et derrière son logiciel Excel, c’est toute une tradition de générosité française, décentralisée, vibrante, indépendante, qu’il menace d’éteindre. À nous de refuser cette société plate, subventionnée, contrôlée, où le citoyen n’est plus donateur mais guichetier.

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