Michel Barnier en piste pour Paris : le retour des fantômes de la fausse droite

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Il pensait en avoir fini avec la politique électorale. Il croyait que la retraite diplomatique, les plateaux feutrés et les colloques bruxellois suffiraient à lui assurer une sortie digne. Et pourtant, voilà Michel Barnier qui songe très sérieusement à descendre à nouveau dans l’arène, dans une législative partielle parisienne rendue possible par l’annulation de l’élection du macroniste Jean Laussucq.

Le prétexte est limpide : une circonscription de droite orpheline et une droite parisienne à la recherche désespérée d’un nom qui sonne encore vaguement sérieux. Résultat : l’ancien ministre de Chirac, ancien commissaire européen, ancien négociateur du Brexit, ancien premier ministre — et accessoirement ancien candidat invisible à la présidentielle — se tâte, selon les mots délicats de ses proches.


Un technocrate pour colmater les fissures ?

Il faut dire que chez Les Républicains, l’heure n’est plus à l’audace. On préfère ressusciter des profils rassurants pour les dîners en ville. Michel Barnier coche toutes les cases : costume sombre, voix posée, phrases ciselées pour éviter d’avoir une opinion trop tranchée. Bref, l’antithèse du tumulte.

Ceux qui le poussent ne s’en cachent pas : il s’agit moins d’une volonté de reconquête que d’un besoin de stabilité, voire de vernis. « Ce serait un bon renfort pour Rachida Dati », entend-on chez LR. Traduction : en cas de naufrage à la mairie de Paris, il faut une roue de secours.

Une droite qui cherche son reflet dans le passé

Ce possible retour d’un ancien du système, incarnation d’un gaullisme mou devenu euro-compatible, en dit long sur l’état d’épuisement idéologique de la droite parlementaire. Plutôt que de faire émerger une nouvelle génération, on mise sur les têtes grises des cabinets ministériels du siècle dernier.

Michel Barnier serait, dit-on, « capable de rassembler tout le monde ». Comprendre : assez fade pour ne déranger personne. Pas un mot de trop sur l’immigration, sur l’insécurité ou sur la souveraineté. Pas un geste qui puisse réveiller les électeurs enracinés. Juste ce qu’il faut de mémoire institutionnelle pour occuper un siège, lever la main quand il faut, et ne surtout pas déranger le confort de la majorité molle.

Le choix du vide poli

Alors oui, Michel Barnier député à Paris, c’est possible. Mais que cela dit-il de notre démocratie ? Qu’en pleine crise des représentations, au moment où les électeurs réclament des voix claires et des caps assumés, on leur propose un CV. Un profil Linkedin en costume trois-pièces, rassurant pour les salons du VIIe arrondissement, mais déconnecté du reste du pays.

C’est ainsi que la droite parlementaire meurt : non pas en hurlant, mais en réimprimant les affiches des années 90.

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